Garnier Thiebaut : Le linge de maison haute couture

23 août 2018
Par : Sophie KOMAROFF

Fort d’un savoir-faire de 185 ans, le fabricant vosgien a fait de sa capacité à se renouveler sa ligne directrice. Avec entre autres le lancement d’une lessive en avril et d’une collection avec Marie-Claire, Garnier Thiebaut continue sa conquête du grand public.

Garnier Thiebaut a fait de la qualité de sa production une si- gnature. « L’obsolescence intervient par le style, non par l’usure », fait remarquer Paul de Montclos, qui dirige l’entreprise de- puis 1995. A son arrivée, dans un contexte difficile, il comprend que la production de l’usine affiche des tarifs plus élevés que la moyenne. « Comment justifier l’implantation locale ? En faisant en sorte que le client accepte de payer plus cher : avec d’importants efforts sur la qualité et en produisant ce que d’autres ne souhaitaient pas faire en termes de petites séries et de personnalisation.» L’entreprise réalise aujourd’hui plus de 60 % de son chiffre d’affaires avec le CHR, avec la conscience que « notre capacité à répondre aux commandes spéciales est notre force et notre fragilité », analyse Paul de Montclos.

Autre initiative du dirigeant en 1995, l’ouverture au BtoC. Garnier Thiebaut propose désormais une quarantaine de collections par saison. Pour cela, il recrute de stylistes issus de chez Rochas et Hermès et introduit la couleur. « Nous avons nos propres recettes de couleur et nous teignons les fils nous-mêmes, ce qui garantit à nos consommateurs que nos colorants sont inoffensifs pour la peau et la nature. »

L’engagement en matière d’environnement est effectivement un des axes de l’entreprise, certifiée ISO 14001, et bien décidée à valoriser ses efforts en la matière et en termes de préservation de l’emploi local. Des ruches ont notamment été installées sur le site de Ge- rardmer : le miel ainsi récolté est vendu dans les magasins de la marque. Garnier Thiebaut a par ailleurs lancé en avril dernier une lessive 100 % végétale et biodégradable, fruit d’un partenariat avec l’entreprise vosgienne Salveco. « En cherchant à identifier les causes de pollution tout au long de la vie du produit, nous avons identifié que 25 % de la pollution est liée à la production, les 75 % restants sont dus au lavage, avec des lessives agressives générant des phénomènes d’eutrophisation et un effondrement de la biodiversité, décrit Paul de Montclos. Le lancement de notre lessive illustre notre engagement et notre volonté d’accompagner le consommateur. »

V

VOSGES TERRE TEXTILE

Garnier Thiebaut bénéficie du label Vosges terre textile, une marque collective initiée par le Syndicat textile de l’Est, présidé par Paul de Montlcos, dirigeant de Garnier Thiebaut. Celle-ci est destinée à valoriser les produits manufacturés dans les Vosges : 75 % au minimum des étapes de la fabrication doivent y être réalisées, et le niveau de qualité des produits doit être optimal (solidité, tenue des coloris, coutures, etc.). «Ce label permet aussi une reconsidération de la filière textile et a redonné une place aux collaborateurs en tant qu’acteurs forts de la filière », souligne Paul de Montclos. Une initiative qui a séduit, puisque sur le même modèle, les labels Alsace, Nord, Rhônes-Alpes-Auvergne et Champagne-Ardennes terre textile ont vu le jour. L’ensemble est piloté par la fédération France terre textile. La demande d’indication géographique protégée (IGP) n’est pour l’heure pas à l’ordre du jour. Dans les Vosges, un projet de route du textile digitalisée (via des QR codes) est à l’étude, afin d’allier la culture générale et le patrimoine industriel.

U

Développer les partenariats

Autre axe stratégique, l’élargissement de l’offre au linge de maison, développé depuis 3 ans environ, avec la recherche de partenariat. Présentée en avant-première en janvier dernier, une collection sous licence Marie-Claire sera lancée en septembre prochain. Un partenariat qui procure au fabricant une caution dans l’univers de la décoration. « C’est une brique qui manquait à notre offre pour accentuer notre présence en France dans un style de produit plus jeune et plus abordable », commente Marc Jacquet, directeur général adjoint de Garnier Thiebaut. La collection est composée de linge de table, de bain et de lit. Elle s’étendra avec une gamme de linge de lit pour enfants, annoncée pour l’hiver 2018-2019. Elle sera distribuée via les canaux habituels de Garnier-Thiebaut : les détaillants, les grands magasins, le web et les boutiques propres de la marque. La maison a également réalisé une collection de linge de lit pour Camif édition, la nouvelle marque propre de décoration de la Camif.

Diversification également avec une collection capsule d’accessoires composée de bobs, d’espadrilles et de foutas éditée pour l’été et lancée le 15 juillet dernier.

Autre projet en cours, une collaboration avec la Réunion des musée nationaux et le Louvre pour des torchons signés Garnier Thiebaut réinterprétant la Joconde, la Victoire de Samothrace et la Vénus de Milo. Ces produits seront vendus chez les distributeurs de la marque ainsi que dans la boutique du Louvre.

Partenariat toujours, avec la volonté de Garnier Thiebaut de nouer des rapports privilégiés avec des distributeurs multimarques pour développer des magasins sous licence. Une formule plus souple que la franchise, et à géométrie variable, car ajustée selon chaque situation. 6 points de vente sont déjà sous ce modèle (Clermont-Ferrand, Pau, Tours, Epernay, Nancy, Wiesbaden en Allemagne, et Perpignan en octobre prochain).

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