Lors de la dernière assemblée générale de la CAT,
la stimulation du trafic chez les détaillants a été citée
comme un axe prioritaire. Quelles sont les actions
qui sont ou seront mises en place pour y parvenir ?
Les actions de communication que nous initions visent à générer un
flux de chalands dans les points de vente. C’est la grande nouveauté
par rapport à la communication instaurée l’an passé. La version
2017 du jeu concours “Osez un dîner d’exception” en est l’illustration
: pour y participer, le passage par un magasin, sans obligation
d’achat, est obligatoire pour récupérer un code pour démarrer le
questionnaire sur l’art de la table, dont les réponses figurent sur le
site osezlartdelatable.fr. C’est en menant des opérations d’ampleur
nationale que la CAT joue son rôle de générateur de trafic. La mutualisation
se révèle donc essentielle. Si cette initiative, menée pour
l’heure à titre expérimental, ne fonctionne pas, nous en trouverons
d’autres. Je suis certain que plusieurs idées émergeront lors du prochain
colloque des arts de la table.
D’ailleurs, L’opération “Videz vos placards” est également pensée
dans le sens de la hausse de la fréquentation des magasins.
Enfin, les actions de communication institutionnelles concentrées
en fin d’année sont destinées à inciter les consommateurs à intégrer l’art de la table sur leurs listes de cadeaux ou à s’équiper.
Nous
devons notamment être vigilants vis-à-vis des millennials, peu intéressés par les arts de la table. D’où la notion de tabling diffusée
sur les réseaux sociaux, qui vise à moderniser ces derniers.
Nous
menons un programme ambitieux : tout ce que nous mettons en
œuvre sur internet doit être amplifié.
Le site osezlartdelatable.fr
doit grandir et devenir référent sur le lifestyle table, avec un fort
accent sur les réseaux sociaux.
C’est en menant des opérations
d’ampleur nationale que la CAT
joue son rôle de générateur de trafic
en point de vente
L’opération “Videz vos placards” sera-t-elle reconduite
?
Cette action s’inscrit dans la mission de la CAT qui consiste à animer
le marché et contribuer à faire enregistrer du chiffre d’affaires à nos
adhérents.
La dernière édition, qui intégrait pour la première fois le
culinaire, a été une réussite.
Les réponses à notre questionnaire aux
points de vente participants font état d’un taux de satisfaction supérieur à 70 %, d’une augmentation de 5 à 25 % de la fréquentation
en magasin et d’une hausse de chiffre d’affaires significative pour
la majorité des adhérents.
Il s’agit donc d’une opération qui fonctionne, sous réserve de s’allier avec le bon partenaire pour la mener. La difficulté consiste à trouver une association caritative ayant une
assise nationale.
L’action est également complexe en termes de logistique.
La question de son renouvellement reste donc pour l’heure
en suspens. Une autre question à laquelle nous devons répondre :
l’étendons-nous de nouveau au culinaire ?
L’opération étant financée
par Francéclat, donc par la taxe
HBJOAT, à laquelle les acteurs du
culinaire ne sont pas assujettis, il faudra également déterminer si cet
univers y est intégré pour la prochaine édition, et si oui, selon quelles
modalités.
Le sujet est ouvert et j’invite les adhérents à se positionner.
J’entends œuvrer afin qu’un consensus se dégage.
Etes-vous favorable ou non à l’extension de la taxe HBJOAT
(horlogerie, bijouterie, joaillerie, orfèvrerie, arts de la table)
au secteur du culinaire
?
J’en suis un ardent défenseur car j’estime que l’ensemble de la profession y aurait avantage.
La cuisine et la table sont des univers qui
se recouvrent.
Il n’y a pas de frontières entre ces deux métiers.
Notre
unité est indispensable. Si les acteurs du culinaire étaient frileux il y
a une quinzaine d’années concernant leur intégration à la taxe, les
nombreux changements qu’a connus la profession ont fait évoluer
leur position et la plupart d’entre eux perçoivent aujourd’hui l’intérêt d’y prendre part.
Pour concrétiser cela, il faut d’une part que
les différents intervenants le souhaitent, d’autre part que la CAT et
Francéclat convainquent les politiques.
Le club
La Table française
a par exemple un rôle à y jouer.
Je suis un ardent défenseur de l’extension
à la taxe HBJOAT à l’univers du culinaire
La CAT ayant peu de ressources propres, les actions qu’elle entre
-
prend sont financées par le comité Francéclat. Si nous voulons faire
vivre la profession française, il importe d’être unis.
La CAT joue déjà
un rôle central en réunissant ces deux secteurs.
Il convient d’animer
le marché dans ce continuum.
C’est d’ailleurs dans ce cadre que je
place le projet d’échange de données informatisé (
E
D
I).
Justement, quelles sont les prochaines échéances
du développement de l’EDI ?
Celui-ci s’articule en deux étapes. La première consiste à instaurer
un système d’échange informatisé entre les fabricants et les distributeurs
relatif aux informations sur les produits (dimension, photo,
argumentaire commercial, etc.). Le périmètre engloble les arts de la
table, le culinaire, le linge de table et d’office ainsi que la décoration
de table. Le projet est piloté en France par un groupe de travail composé
d’une vingtaine d’intervenants (parmi eux : Ambiance & Styles,
Galeries Lafayette, Carrefour, des fabricants, etc.). Objectif : avoir
un fichier standardisé et à jour, utilisable par les différents intervenants.
L’été 2017 devrait voir l’achèvement de la standardisation de
la fiche produit. Les propositions de regroupement de produits dans
la nomenclature ont été finalisées en juin et sont, jusqu’en octobre,
étudiées par un comité de pilotage mondial composé des adhérents
de GS1, organisme mondial de normalisation qui nous accompagne
et finance le projet. Nous espérons avoir son feu vert cet automne
pour mettre en place des tests en France avec des entreprises volontaires
au cours du dernier trimestre 2017, si les délais le permettent.
Le deuxième volet vise à informatiser le flux de commandes et de
factures. Les systèmes actuels génèrent des erreurs, donc des litiges
et au final des clients mécontents. Adopter un langage commun
améliorera le flux d’informations, ainsi que la satisfaction des consommateurs, et diminuera le coût administratif. Il s’agira d’un
format international applicable à tous.
Ce système déjà instauré dans les secteurs de l’automobile, de la
parfumerie, du meuble, etc., est encore incomplet dans les arts de la
table et le culinaire. Les acteurs français de notre secteur sont donc
leader en la matière. Ce projet d’EDI est majeur pour la cohésion de
la filière et progresse significativement car la CAT est représentative
des univers concernés.
Quels sont les autres sujets qui vous tiennent à cœur ?
En tant que président de la CAT, je souhaite soumettre deux sujets à
la profession. Le premier concerne la formation des forces de vente,
pour laquelle la confédération a un rôle à jouer. C’est un sujet majeur.
Dans d’autres professions, la formation est structurée. La question
est : qu’est-ce que le point de vente apporte au consommateur
qui ne se trouve pas sur internet ? La plupart du temps, le personnel
recruté en magasin ne vient pas du secteur des arts de la table, voire
ne détient pas les bases du commerce. Les points de vente ayant un
turn-over élevé, les besoins en formation sont réels et permanents.
Il importe de rehausser le niveau de compétence de l’ensemble de
la profession. Et pourquoi ne pas envisager que la CAT devienne, à
terme, un centre de formation agréé ?
Le second sujet concerne les labels destinés à valoriser les savoir-faire
français. Il en existe actuellement quelques-uns mais les consommateurs
ne s’y retrouvent pas. Une réflexion est actuellement en cours
autour du made in France et des arts de la table, ainsi que des discussions
concernant des indications géographiques protégées (IGP).
La CAT peut intervenir et aider à l’instauration de ces labels. Par
ailleurs, en regardant les différents sites internet de nos adhérents, on
s’aperçoit qu’en termes de pictogrammes, rien n’est unifié. Je suggère
la possible intervention de la CAT pour travailler à des pictogrammes
standardisés. L’objectif est d’informer clairement, voire de rassurer,
le consommateur sur l’origine des produits.
A l’approche du prochain colloque des arts de la table,
quels messages souhaitez-vous transmettre à la profession ?
J’appelle les professionnels des secteurs des arts de la table et de la
cuisine à me soumettre leurs idées ou suggestions à l’occasion du
colloque. L’idée est que nous mettions au place une feuille de route
correspondant à ce qu’ils souhaitent voir mis en place. J’aimerais
ressortir de ce colloque avec leur point de vue sur ce qu’il leur semble
urgent et important à réaliser.
Il importe de rehausser le niveau
de compétence de l’ensemble
de la profession. Et pourquoi ne pas
envisager que la CAT devienne un centre
de formation agréé ?
Thierry Villotte à la présidence depuis le 1er juin dernier
La Confédération des arts de la table réunit les professionnels des arts de la table, de la cuisine
et de la décoration. Elle a pour mission de mener des actions collectives en cohérence avec
les évolutions du marché et sociétales. A noter que le prochain colloque de la CAT se déroulera
à Orléans le lundi 23 et mardi 24 octobre prochains. Elu à l’unanimité à sa présidence, Thierry
Villotte succède depuis le 1er juin dernier à Guy Bourgeois (voir Offrir International n°460,
en pages 109 à 112), qui a occupé cette position pendant une quinzaine d’années. Diplômé de
l’ESCP Europe, Thierry Villotte a travaillé pour la Compagnie de navigation mixte, puis pour la
Société des chemins de fer belges. Il y a notamment occupé le poste de directeur financier de la
branche française “transports et logistique”, avant d’intégrer le groupe Guy Degrenne, en 2003
en tant que directeur financier. Il en a été directeur général de 2008 à 2016. Thierry Villotte est
par ailleurs administrateur du comité Francéclat