Du 5 décembre au 12 janvier prochains, La Romaine Éditions prend ses quartiers à l’Hôtel des Académi
A l’aube de ses 130 ans, la marque vosgienne de linge de table renoue avec la croissance sous l’impulsion de sa nouvelle directrice générale, Béatrice Brandt. Repositionnement et élargissement de la gamme, expansion internationale, nouvelle architecture commerciale : Le Jacquard Français fait feu de tout bois.
Visiter la boutique parisienne de la rue Bonaparte récemment relookée, c’est découvrir en un clin d’oeil le travail effectué ces dernières années par les dirigeants du Jacquard Français. Initié par Daniel Sisso, le prédécesseur de Béatrice Brandt, le rajeunissement de l’honorable vieille dame saute aux yeux. Désormais dans un décor aux accents contemporains, ce sont quatre univers qui se côtoient en toute intelligence : la table, les accessoires, le bain et la cuisine. « Il était temps de moderniser nos espaces de vente pour qu’ils correspondent au nouvel esprit de la marque, souligne d’emblée Béatrice Brandt. Plus moderne et audacieux, il n’en est pas moins fidèle aux racines du Jacquard Français. » Pour preuve, en vedette dans la vitrine, la nappe Kaolin. Signée en 1990 par Primrose Bordier, la créatrice-phare de la marque, celle-ci a été redessinée à l’occasion du 130e anniversaire dans des coloris en phase avec les tendances actuelles, le gris et le bleu. « C’est une manière de construire un pont entre les différentes générations qui composent notre clientèle. »
Les accessoires, les plateaux et les dessous-de-verre en bois de bouleau (en collaboration avec la marque Ary), les sets de table réversibles et antitaches, les trousses, les senteurs et les bougies jouxtent ce premier espace, derrière lequel est déployée la gamme de linge de bain et de plage lancée avec succès il y a trois ans. Le nid d’abeille,savoir-faire de la maison, y joue un rôle prépondérant, en séduisant une clientèle en quête de qualité et d’originalité. Le segment pèse déjà 10 % dans les ventes globales de la marque. Autre initiative mise en place par Béatrice Brandt, les collections capsules qui animent le segment cuisine et ses multiples lignes de torchons aux motifs colorés. Une première collaboration a été signée l’année dernière avec La Cornue pour la conception de tabliers, maniques et torchons aux couleurs du fabricant français de pianos de cuisson. Récemment, c’est Le Slip Français qui s’est prêté à l’exercice. « Ces opérations rencontrent un franc succès. Elles nous encouragent à renouveler régulièrement l’expérience. A l’occasion des fêtes de fin d’année, nous allons collaborer avec Monoprix. Et pour le magasin des Champs-Elysées, qui reçoit de nombreux touristes, nous concoctons une ligne de torchons aux couleurs des monuments de Paris. » En parallèle, la marque n’hésite pas à proposer une gamme complète de nappes blanches, coupées sur mesure, et personnalisées à la demande avec broderies et finitions en jour échelle. « Peu de marques offrent encore ce type de produits pourtant toujours demandés, notamment à l’occasion des grandes fêtes familiales. »
Un style rajeuni mais fidèle à l’ADN de la marque
Depuis 1968 propriété d’Elis, le puissant groupe d’entretien de linge coté en bourse, Le Jacquard Français a connu ces dernières années une période d’essoufflement, après l’engouement de la fin des années 1970 suscité par le style et la couleur insufflés par la créatrice Primrose Bordier. « L’année dernière, nous avons retravaillé la plateforme de marque avec Nelly Rodi, poursuit Béatrice Brandt. Le style avait besoin d’être rajeuni sans pour autant se perdre. » Des motifs contemporains et géométriques ont été développés, avec par exemple la ligne Mosaïque, tandis que de nouveaux coloris plus intemporels ont fait leur apparition, aux côtés des teintes vives caractéristiques du Jacquard Français. Quant à la ligne LFJ créée quelques années auparavant pour attirer une clientèle plus jeune et au pouvoir d’achat limité, elle s’efface progressivement au profit du développement de nouveaux produits, en phase avec le savoir-faire de tisseur de la manufacture vosgienne, par ailleurs labellisée Entreprise du patrimoine vivant (EPV). En parallèle, la marque s’est davantage tournée vers l’international. A travers un millier de revendeurs dans le monde, elle y réalise déjà plus de la moitié de son chiffre d’affaires qui a atteint 13 millions d’euros l’année dernière. « Nous nous attendons à une hausse d’environ 5 % pour 2018. Aux côtés de notre clientèle européenne, nous avons renforcé nos efforts sur l’Asie, l’Australie et l’Amérique Latine. L’étiquette made in France y joue un rôle prépondérant. » En France, même si les perspectives de développement sont moins spectaculaires, la marque se réjouit d’effectuer son retour en grands magasins, notamment au Printemps Haussmann et à Marseille. Outre les deux boutiques parisiennes (Rue Bonaparte, La Madeleine) et le site de vente en ligne, le Jacquard Français compte aussi cinq espaces outlet, la marque étant diffusée, par ailleurs, via 400 détaillants. « A terme, nous pourrions déployer d’autres boutiques, annonce Béatrice Brandt. En attendant, nous devons encore consolider le rajeunissement de la marque en étoffant son offre vers de nouveaux accessoires de décoration tels que les plaids et les coussins. » A découvrir dans les collections 2019.