Du 5 décembre au 12 janvier prochains, La Romaine Éditions prend ses quartiers à l’Hôtel des Académi
Décryptage des multiples actions de la fédération allemande de la coutellerie et des articles ménagers avec Jens-Heinrich Beckmann, directeur de l’Industrieverband Schneid- und Haushaltwaren (IVSH).
Offrir International : Qui sont les adhérents de l’IVSH ?
Jens-Heinrich Beckmann : Nous comptons 87 adhérents fabricants
issus des secteurs de la coutellerie et des articles ménagers qui représentent environ 10 000 employés en Allemagne. Cela va donc des
grandes entreprises telles que WMF aux marques de luxe comme
Robbe & Berking, en passant par les acteurs de la coutellerie de
Solingen (Wüsthof, Giesser, RSG Solingen) et des articles ménagers
tels que Küchenprofi, Rösle, Fissler, etc.
Quand cette fédération a-t-elle été créée ?
Elle date de 1891 avec l’Union des fabricants de Solingen. En 1971, elle s’est transformée en Fédération de la coutellerie et des couverts. En 2002, elle a intégré le secteur des articles ménagers pour devenir l’IVSH.
Pourquoi est-elle basée à Solingen en Rhénanie-du-Nord-Westphalie ?
Depuis le Moyen Âge, cette ville est spécialisée dans la coutellerie. Solingen est surnommée “la ville des lames”, aussi bien pour les couteaux que la fabrication de ciseaux. Un peu comme la région de Thiers en France, Solingen a bénéficié de l’eau, du bois, du charbon utiles à la fabrication de l’acier et d’une main-d’œuvre peu coûteuse et qualifiée, puisque même Louis XIV a fait appel à eux.
Comment cette activité s’est-elle développée à l’international ?
Au XIXe siècle à Solingen, il y avait de nombreuses petites entreprises, spécialisées chacune dans une tâche spécifique (couper,
aiguiser, polir, etc.) et elles travaillaient ensemble. Puis le chemin de
fer est arrivé ce qui a permis à des entreprises d’exporter. Certaines
sont devenues très importantes, telles que Zwilling ou Wüsthof.
Le made in Germany est aussi devenu une force…
L’histoire est partie d’une demande de
la région de Sheffield en Angleterre qui
fabriquait également des couteaux et
importait des pièces de Solingen. Les
Anglais ont demandé aux fabricants
allemands de se démarquer avec une
inscription made in Germany, devenue
finalement pour nous un réel argument
commercial !
Quelles sont aujourd’hui les principales missions de l’IVSH ?
Elle prend part à la politique économique
via le lobbying, étudie les nouvelles lois
de l’État fédéral, des régions et de l’Europe et en informer les membres ; elle participe aux salons allemands
et internationaux (Ambiente, New York Now, Interior Lifestyle Shanghai et Tokyo), mène des actions de promotion et organise des études
statistiques sur l’évolution du marché.
Qu’en est-il justement du marché ?
Malgré un contexte économique difficile, les industries de la coutellerie et des articles ménagers ont enregistré un chiffre d’affaires en
hausse de 1,3 % à hauteur de 2,4 milliards d’euros. Cette augmentation est surtout due à l’activité florissante de la coutellerie, tandis
que le secteur des articles ménagers a eu un léger recul de 3 %. Nous
avons espoir que l’ensemble du secteur bénéficie du développement
du secteur Horeca et grâce notamment au hall 6 du salon Ambiente.
Quels sont vos principaux marchés et quelles sont vos interactions avec la région de Thiers en France ?
L’export est important car il représente en moyenne 50 % du chiffre
d’affaires de nos entreprises, voire 80 % pour certaines. Les principaux marchés sont les États-Unis, l’Asie et l’Europe. Concernant
la France, nous avons récemment fait un voyage à Thiers et avons
d’excellents rapports avec Thierry Déglon, président de la Fédération
française de la coutellerie. Nous avons évoqué ensemble des projets
de coopération sur la formation, la recherche et le développement
pour de nouvelles matières ou encore sur les normes, car nous avons
des points communs et qui nous différencient de l’Asie.
Quels sont les nouveaux défis à relever aujourd’hui selon vous ?
Ils concernent sans aucun doute la distribution, car nous avons des
canaux de moins en moins spécialisés et de nouveaux concurrents
comme Amazon qui sont dangereux car ils cassent les prix. Nous
avons besoin de boutiques pour montrer la vraie qualité de nos produits. D’ailleurs, certaines marques telles que WMF ou Robbe &
Berking développent leurs propres boutiques pour présenter leur
univers et séduire une nouvelle clientèle