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Fondée en 1818, la manufacture française de porcelaine Pillivuyt célèbre cette année son bicentenaire. Résolument tournée vers l’avenir, l’entreprise basée dans le Berry multiplie les projets.
« Si Limoges c’est le château de Versailles, alors Pillivuyt, c’est plutôt celui de Chambord ». Celui qui compare ainsi la porcelaine aux plus beaux châteaux français, c’est David Burnel, le PDG de Pillivuyt, manufacture berrichonne qui compte plus de 180 salariés. Chaque année, environ 3 millions de pièces sortent de ses ateliers de fabrication de Mehun-sur-Yèvre (Cher), soit l’équivalent de 1 500 t de porcelaine.
Ce qui caractérise la marque ? « Des produits conçus pour les professionnels qui peuvent être utilisés par le grand public », répond David Burnel. Les plats peuvent ainsi servir à la préparation culinaire, puis passer successivement du four, à la table, au réfrigérateur ou au congélateur, au four à micro-ondes puis au lave-vaisselle. « Notre porcelaine est moins fine que celle de Limoges. C’est une porcelaine de brasserie, plus résistante aux chocs et notamment aux chocs thermiques, ajoute le PDG. Nos produits, créés pour les restaurateurs, sont quasiment incassables. » Certains peuvent même être utilisés sur un barbecue ou une plaque à induction.
Une longue tradition d’export
Les assiettes, les plats, les bols, les coupelles, les tasses ou les saladiers estampillés Pillivuyt sont aujourd’hui vendus dans une cinquantaine de pays. « Nous réalisons plus de 60 % de notre chiffre d’affaires à l’international, précise David Burnel, dont 30 % rien qu’au Danemark et aux Etats-Unis ». La marque est présente sur les cinq continents : en Angleterre, en Allemagne, au Portugal, en Italie, au Canada, en Afrique du Sud, en Argentine, en Corée du Sud, au Japon ou en Australie. Elle se développe également en Russie et au Moyen-Orient.
« A l’étranger, nos clients sont majoritairement des particuliers. » Ce qui les séduit ? « La qualité, la simplicité et la résistance de nos produits », indique David Burnel. « Le made in France également, qui est synonyme de savoir-faire et d’excellence pour les consommateurs. » Au Danemark par exemple où le porcelainier est implanté depuis une quarantaine d’années, 95 % du chiffre d’affaires est réalisé sur le marché grand public.
Une notoriété à développer dans l’Hexagone
En France, en revanche, c’est l’inverse. « 90 % de nos ventes concernent les professionnels du CHR. » L’entreprise souffre d’ailleurs d’un déficit de notoriété auprès du grand public. « Même si cela n’a pas toujours été le cas », note David Burnel. La marque n’est aujourd’hui pas connue des Français alors qu’ils ont certainement sans le savoir déjà mangé un dessert dans un ramequin signé Pillivuyt ou bu un café dans une des iconiques tasses à pans du fabricant français.
Depuis son arrivée à la tête de la manufacture fin 2014, David Burnel ne ménage pas ses efforts pour développer l’entreprise. Il a notamment fait appel au studio de design Les Sismo pour redonner un élan créatif à la manufacture. Les designers ont ainsi imaginé deux collections aux lignes contemporaines (Toulouse et Montmartre 1900), ainsi que la gamme Canopée, qui comprend une assiette de présentation assez spectaculaire, car conçue avec un angle droit.
Fin 2016, l’entreprise dont les produits sont distribués en France via un circuit de détaillants indépendants, a testé un nouveau concept en ouvrant une boutique éphémère à Bourges durant un mois et demi. « L’objectif était de faire connaître la marque, son histoire, ses valeurs, ses collections au grand public », indique David Burnel. L’opération a été un succès et a été renouvelée fin 2017 à Tours.
Tous ces efforts semblent porter leurs fruits dans un secteur soumis à une forte concurrence, notamment celles des pays produisant de la vaisselle à bas coût. « Depuis deux ans, l’entreprise affiche un résultat positif. En 2017, nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 13,2 millions d’euros », précise le PDG.
Un bicentenaire sous le signe de l’innovation
L’année 2018 devrait permettre de consolider ces bons résultats. « Pour célébrer les deux siècles d’existence de la marque, nous avons mis en place différents projets », indique Claire Calvarin, chef de produit chez Pillivuyt. L’année a démarré avec le lancement d’un site internet et d’une boutique d’e-commerce. L’ouverture de l’e-shop s’inscrit dans une stratégie digitale plus globale. Un community manager vient en effet d’être recruté pour développer la présence de la marque sur les réseaux sociaux (Facebook, Pinterest, Twitter, Instagram). Toujours dans une volonté d’accroître la notoriété de cette entreprise bicentenaire, notamment auprès d’un nouveau public, plus jeune, plus connecté.
Pour l’année anniversaire, une mini-collection baptisée Ephémères a également été imaginée. Elle comprend trois créations inédites ainsi qu’une réédition d’une cafetière à filtre, un des best-sellers du fabricant ressorti pour l’occasion. Ces objets seront produits en quantité limitée. « L’opération sera renouvelée tous les ans avec des inédits », indique David Burnel, qui précise s’être ici inspiré des pratiques du secteur textile où il a longtemps travaillé.
Autre nouveauté cette année : le camion Pillivuyt, un concept inédit, au croisement du food-truck et de la boutique itinérante. « Il servira à réaliser des démonstrations culinaires lors de salons, foires, expositions, etc. d’abord en France, puis au Danemark et dans d’autres pays étrangers, indique Claire Calvarin. Des chefs seront invités pour y cuisiner, un film sur notre processus de fabrication sera présenté et il sera également possible d’acheter quelques produits. Enfin, cette année, nous multiplierons également les boutiques éphémères, à Tours à nouveau, mais pourquoi pas à Lyon, Aix-en-Provence ou Paris, selon les emplacements que nous trouverons. »
L’entreprise qui fabrique la vaisselle de tables étoilées, telles que celle du restaurant Paul Bocuse, du Relais Bernard Loiseau ou des restaurants d’Alain Ducasse, veut ainsi séduire le grand public français. « Nous voulons montrer qu’il est possible d’utiliser de la porcelaine, un produit haut de gamme, au quotidien, sans avoir peur d’ébrécher ses assiettes, souligne David Burnel. En quelque sorte, notre objectif est de désacraliser la porcelaine, tout en rappelant qu’il s’agit d’un produit de qualité, issu d’un savoir-faire traditionnel qui fait partie du patrimoine français. »
Chiffres clés
> 1 500 t de porcelaine
> 180 salariés
> 1 site de production sur 7 ha
> 20 collections
> 850 références
> 30 nouvelles références par an