Du 5 décembre au 12 janvier prochains, La Romaine Éditions prend ses quartiers à l’Hôtel des Académi
Parce que le sujet de l’écoresponsabilité s’invite désormais régulièrement au cœur des préoccupations des consommateurs, les marques de l’univers du linge de table redoublent d’efforts pour apporter des réponses à la fois innovantes et originales.
La pandémie aura été un véritable accélérateur de tendances. Chacun en convient. Notamment en matière d’écoresponsabilité. Impossible désormais d’ignorer le sort de la planète après avoir passé plusieurs semaines confiné, et souvent derrière un écran. De là, à réclamer des produits davantage respectueux de l’environnement qui en outre sauvent des emplois locaux autant que des savoir-faire dans un contexte économique instable, il n’y a plus qu’un pas.
Les exemples foisonnent, depuis les marques nouvellement créées jusqu’aux mastodontes de la distribution, en passant par les signatures patrimoniales. Ainsi les Galeries Lafayette n’hésitent plus à mettre en vedette les collections de textile de maison, nappes comprises, signées La Redoute et AMPM. Pas moins de 90 % de ces références sont estampillées Go for Good, le label maison, et Oeko-Tex, la certification garantissant les qualités sanitaires et écologiques des textiles. Idem dans le tout nouveau concept home de H&M, ouvert cet été boulevard des Capucines à Paris. « 90% de nos matières textiles proviennent de sources plus responsables », affirme Evelina Kravaev Söderberg, responsable création de l’enseigne.
Reste à délimiter le périmètre de l’écoresponsabilité. Chaque marque avance sa propre définition, avec en ligne de mire l’idée de consommer mieux, si ce n’est moins. L’attrait pour les matières naturelles constitue une des principales pierres de l’édifice écoresponsable. C’est ainsi que le lin connait depuis quelques années une forte poussée dans les collections d’art de la table, à tel point que des pénuries s’annoncent. « Nous travaillons cette matière en fibres extra longues, fines mais ultrarésistantes, pour des rendus doux, souples et surtout plus durables, explique Fabienne Motteroz, fondatrice et dirigeante de la marque Blanc Cerise. En outre, la culture du lin présente l’énorme avantage de ne nécessiter que très peu d’eau et de traitements chimiques. » Face à l’accroissement de la demande et la flambée des prix, les marques sont toutefois contraintes de trouver des alternatives.
GarnierThiebaut vient ainsi de lancer une nappe en métis, composée d’un mélange équitable de coton et de lin. Elle s’inscrit dans la nouvelle collection automne-hiver 2021-2022, aux côtés de deux autres références, la première 100 % lin, la deuxième 100 % coton bio labellisé Gots. Quant à Couleur Chanvre, la marque ne cesse de grandir, ses ventes ayant doublé en moins de cinq ans. « Avec un aspect très semblable au lin, le chanvre présente l’avantage de se cultiver partout et facilement, affirme Thierry Bonhomme, dirigeant de la marque qu’il a reprise en 2012. C’est sans doute une des solutions alternatives au lin parmi les plus prometteuses. »
Misant sur la qualité, la plupart de ces marques engagées privilégient des fabrications limitées aux territoires européen ou franco-français. Si des acteurs tels que Blanc des Vosges ou Tradilinge appuient leur notoriété sur une confection locale de produits tissés en France ou en Europe, Tradition des Vosges investit dans des outils de tissage vosgiens, par le biais d’intégration d’entreprises et de rachat d’équipements à hauteur de près de 2 millions d’euros cette année. Dans ses ateliers historiques, l’acteur basque Moutet tisse, teint et confectionne des nappes, des torchons, des tabliers et des para-tapas, une mini-serviette parfaitement adaptée aux enfants ou aux apéritifs entre amis. Les assiettes en carton et les serviettes en papier jetables sont ainsi remplacées par un produit durable.
Tout comme sa consœur Moutet, la marque Dresseur de Table est labellisée Entreprise du patrimoine vivant (EPV), et multiplie également les initiatives, plus originales les unes que les autres. Depuis son atelier situé à Romans, le dirigeant Max Arnaud et sa complice Monique Bittoun imaginent des produits simples et durables. Des torchons, des nappes et des serviettes en coton bio, tissés et confectionnés sur place, sans oublier les sacs conçus avec des chutes de production ou encore les plaids qui peuvent également s’inviter sur une table. « L’écoresponsabilité implique aussi de réfléchir au cycle de vie du produit dans sa globalité, considère Monique Bittoun. Pourquoi jeter des tissus quand on peut les transformer ? Et pourquoi pas détourner des produits de leur usage premier ? » Avec la créatrice Chloé Eynard, la marque a également lancé une capsule de nappes dont les motifs proviennent de fleurs directement pressées sur le tissu.
Leur dessin est ensuite projeté et reproduit grâce à l’impression numérique, avec un rendu au plus proche de la nature ! Outre l’utilisation de coton bio, et la fabrication locale d’une partie de son catalogue, Sonia Provost, fondatrice de Bed & Philosophy, s’est attachée, pour sa part, à mettre au point des teintures naturelles issues de résidus de coton, de betterave ou de coques d’amandes. « L’écoresponsabilité relève d’une attitude globale largement inspirée, pour ma part, du mouvement japonais wabi-sabi, qui prône le beau, la qualité et la durabilité, indique-t-elle. Nous ne pouvons plus faire l’impasse sur les questions environnementales. Les consommateurs seraient les premiers à nous le reprocher. Ils se manifestent déjà haut et fort. » Preuve, s’il en fallait encore, que le mouvement ne risque pas de s’éteindre de sitôt, la toute jeune marque Païsan est née en pleine pandémie, durant le premier confinement de mars 2020.
Face au succès
rencontré par ses nappes, ses serviettes et ses torchons en lin 100 %
made in France, elle vient d’ouvrir son capital. Objectif : élargir encore
davantage l’offre d’objets durables et écoresponsables. « Parce que les
consommateurs ont besoin aujourd’hui de produits qui ont du sens »,
conclut Nicolas Guthart, un des fondateurs et dirigeants de Païsan.
LE JACQUARD FRANÇAIS
Pour la nouvelle collection Casual, le fabricant a opté pour une composition 100 % lin et une déclinaison dans des tonalités
naturelles : noisette, ardoise, lierre, algues ou encore pomme. Prix public : à partir de 199 € la nappe carrée 150 cm
BED & PHILOSOPHY
© Karine Köng. Set de table (47 x 37 cm) Bonnie and Clyde charbon (existe aussi en flax), composition 100% lin. Prix public : 42 € le lot de 2
TISSAGE DE LUZ
Après avoir passé sa ligne de linge de bain en nid d’abeille au bio au
printemps dernier, la maison fondée en 1908 tisse désormais l’intégralité
de ses produits en fils de coton biologique certifié GOTS. La teinture
des fils est en outre réalisée dans le Lot-et-Garonne à partir de pigments respectueux de l’environnement. Ici, la nappe Eugénie bleu-gris à
chevrons, métis coton et lin. Prix public : 142 € (165 x 250cm).
GARNIER THIEBAUT
La parure de table American folk bouleau est en coton bio damassé
(jacquard). Prix public : à partir de 89 € la nappe carrée 115 cm (traitement antitache Green Sweet) ; 19,60 € la serviette de table 55 x 55 cm.
PAÏSAN
L’atelier d’édition propose des nappes en lin 360 g produites localement
et en circuits courts : le lin est cultivé et teillé en Normandie, la fibre filée,
tissée et ennoblie en Alsace, la broderie et le montage effectués en
Seine-Saint-Denis. Païsan produit des nappes en tissu lourd : 1,11 kg
pour la plus petite et jusqu’à 2,32 kg pour la plus grande. La bordure
doublée de 15 cm sur le pourtour alourdi la nappe pour lui conférer un
tombé élégant. A noter que pour chacun des objet édités, Païsan affiche
la valeur de chaque ligne de production dans un souci de transparence.
1 € par nappe est reversé à l’association Lin et chanvre bio (association
des acteurs du lin et du chanvre textiles bio). Prix publics : de 115 €
(170 x 170 cm) à 220 € (170 x 330 cm) la nappe
TISSAGE MOUTET
Petit (15 x 20 cm), pratique et esthétique, le para-tapas se glisse dans
le cartable pour le goûter et se dispose sur la table pour les apéritifs
dînatoires. Vendu par lot de 6, 12 ou 24, il remplace à la fois l’assiette en
carton et la serviette en papier, constituant ainsi une solution alternative
à l’usage unique. Prix public : 30 € les 6, 49 € les 12, 87 € les 24.
BRUN DE VIAN-TIRAN
Fibre emblématique de la manufacture depuis le début des années 1960, le mohair, fibre naturelle issue de la chèvre angora, se décline à travers 3 nouvelles collections de plaids confectionnés à l’Islesur-la-Sorgue (Vaucluse). Engagé dans la solidarité de la filière laine et la valorisation des laines produites par les bergers français, la manufacture accompagne les éleveurs de Mérinos d’Arles antique. Prix public : 248 € le plaid Paysage 140 x 180 cm.
COULEUR CHANVRE
Nappe ocre rouge. Prix public : 99 € (180 x 180 cm).
HARMONY
Nappe Letia 100% lin lavé, Harmony textile. Prix public : à partir de
78,80 €