Un nouveau chapitre pour la faïencerie de Charolles

C'est une belle aventure qui commence » : Cyrille Frappé ne dissimule pas sa satisfaction au moment de dévoiler les nouvelles créations de la Faïencerie de Charolles. Cet entrepreneur spécialisé dans l’emballage industriel est tombé sous le charme de cette manufacture dont il était le fournisseur, avec « un coup de foudre pour l’atelier de coulage » en particulier. Au point de la reprendre en mai 2019 à la barre du tribunal de commerce de Chalon-sur-Saône à la suite d’un dépôt de bilan. Persuadé du potentiel de la faïencerie et désireux de voir perdurer ses savoir-faire, il a fait appel à la designer Aurélie Richard, à qui il a confié la direction artistique. Celle-ci vient d’ailleurs de signer ses trois premières collections, Boréale, Tandem et Alba, lancées cette année, et s’attache parallèlement à faire vivre celles historiques de la faïencerie. 

Et pour cause : cette dernière a été fondée en 1844 par Hippolyte Prost et possède un patrimoine fourni, avec par exemple un stock de 2 000 m2 de moules dont les plus anciens datent des années 1890. Tous les savoir-faire sont intégrés, dans un processus de fabrication manuel et artisanal qui va de la réalisation des moules jusqu’à la seconde cuisson destinée à fixer l’émail. Dotée de 5 fours, la manufacture de Charolles dispose également d’un nuancier exclusif de 150 couleurs, dont plus de 50 composées par Nathalie Collier qui occupe depuis 9 ans le poste de recherche des couleurs. Autre atout de la Faïencerie de Charolles : la capacité de fabriquer de grandes pièces, jusqu’à 1,7 m de hauteur.

Une production traditionnelle locale

Sous la houlette d’Aurélie Richard, la manufacture a engagé une refonte de son image de marque, ainsi qu’une démarche d’évolution de ses collections. La designer s’attache notamment à insuffler de nouvelles idées de formes et d’usages ainsi qu’à revoir l’univers chromatique de l’entreprise. 

Le résultat ? « Un mélange de nouveautés et de collections historiques. Je travaille selon 3 axes : nouveauté, réintroduction (c’est-à-dire poser un regard neuf sur une création précédente) ou association. D’anciennes pièces peuvent par exemple être retravaillées d’un point de vue dimensionnel pour rester d’actualité. La consultation de designers extérieurs fait aussi partie du processus. » Si pour l’heure l’objectif est la production d’une cinquantaine de pièces par jour, l’équipe dirigeante de la Faïencerie de Charolles espère monter en cadence. « Aujourd’hui une dizaine de personnes travaillent à la production, contre une soixantaine il y a 20 ans. Nous détenons l’outil de travail pour multiplier la fabrication par 5 », indique Cyrille Frappé. 

Si les arts de la table, catégorie historique de la faïencerie, figurent toujours au catalogue, ils s’effacent au profit de la décoration. « Nous en vendons encore, principalement à des clients qui se trouvent dans un rayon de 20 km autour de la manufacture. » Forte de sa production traditionnelle locale et de son nuancier, véritable signature de la manufacture, l’entreprise apporte sa touche à la faïence contemporaine selon deux thématiques annuelles. « Elle propose aujourd’hui des objets de décoration et du petit mobilier en faïence aux styles éclectiques ; entre authenticité et avant-gardisme. » Avec bien entendu la volonté de séduire de nouveaux distributeurs ainsi qu’une clientèle internationale. La Faïencerie de Charolles développe d’ailleurs un projet en cobranding avec Fermob pour une table indoor. 

Enfin, autre activité de la Faïencerie de Charolles, le contract business qui représente 50 % de son activité : l’entreprise fournit de de nombreux objets de décoration en marque blanche à des réseaux de vente de mobilier tels que Roche Bobois, Ligne Roset, BHV Paris, Château d’Ax et Cuir Center.