Dossier

Linge de table : l’ère de tous les possibles

24 avril 2025

Stable, le marché du linge de table ne cesse de se renouveler. Entre grands noms et jeunes marques, le point sur une saison haute en couleurs et en propositions.

Spécialiste du lin, la marque italienne La Gallina Matta poursuit son développement sur le territoire français. Ici, set en raphia et serviette, prix public : 35 € et 27 €. 

S’il ne représente que 15 % du chiffre d’affaires des industriels français, (source : Union des industries textiles), le linge de maison, dont le linge de table fait partie, est cependant indissociable de la culture française. 

D’ailleurs, l’art de la table et le linge de table participent largement au rayonnement du pays avec des entreprises qui comptent parmi les fleurons mondiaux.

Chemin de table Topkapi, Beauvillé. Prix public : 62,50 €.


UN ART DE VIVRE À LA FRANÇAISE

A l’intérieur ou à l’extérieur, la nappe Sinharaja (ici en coloris océan) en coton par Le Jacquard Français décloisonne les usages. Prix public : à partir de 149 €.

De fait largement enviés dans le monde entier, les arts de la table et de recevoir subliment la cuisine et le vin et font de l’expérience gastronomique ou d’un dîner entre amis une expérience culturelle. Au quotidien, les Français aiment passer du temps à table et en font un art de vivre. De fait, en 2023, selon les chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les habitants de l’Hexagone ont passé en moyenne 2 h 13 par jour à manger et à boire, soit 40 minutes de plus que la moyenne des pays de l’OCDE et plus de deux fois plus que les Américains. Au cœur de cet art de vivre, le linge de table contribue à créer une ambiance et reste un marché stable dû à l’attachement des Français à cet art de recevoir. 

Gamme Mille vertiges en 100 % coton damassé fabriqué en France à Gérardmer, Garnier Thiebaut. Prix public : à partir de 18 € serviette et set (pièce).

« Le linge de table est un marché de tradition, ancré dans un savoir-faire et une exigence de qualité. Bien que son évolution soit plus mesurée que d’autres secteurs du linge de maison, ce marché reste soutenu par une clientèle fidèle, en quête de produits alliant esthétique et durabilité, explique Marc Jacquet, directeur général adjoint grand public de Garnier Thiebaut qui tisse dans les Vosges depuis 1833. La stabilité du marché réside dans plusieurs facteurs. En premier lieu, l’attachement profond des consommateurs à l’art de recevoir et à l’élégance des belles tables continue de soutenir une demande constante, en particulier dans le secteur du haut de gamme. 

De forme ovale et déclinés en 10 coloris, sets de table d’Asa Selection en PVC tissé. Prix public : 4,90 € pièce.

Parallèlement, l’essor du commerce en ligne et les évolutions des habitudes d’achat poussent à une adaptation continue de l’offre. 

Enfin, l’expertise française est particulièrement reconnue à l’international où notre fabrication et notre savoir-faire historique sont de véritables gages de qualité et d’authenticité. »


COULEURS ET DURABILITÉ

Duo de sets de table réversibles à l’inspiration 1970’s Baba Marine, Alto Duo. Prix public : 48 €.

« Les ventes de linge de table se portent bien et sont en croissance, confirme Maxime Borin, directeur du développement chez Beauvillé, maison emblématique du made in France installée à Ribeauvillé (HautRhin) qui a fêté ses 200 ans en 2023. Notre savoir-faire, ainsi que nos engagements de production à 100 % en France notamment, sont appréciés par nos clients. Cette volonté d’acheter mieux et surtout d’acheter français se ressent au quotidien chez nos acheteurs. 

Serviette ou set de table, double usage pour ce produit en lin lavé et coton, Haomy. Prix public : 6,50 €. 

Le made in France fait partie de notre identité car nous produisons à Ribeauvillé depuis 1839 sans avoir jamais cédé à la délocalisation. L’impression sur étoffes étant notre spécialité, nous avons une immense liberté de création et notre crédo est celui de produire pour conserver. 

Nos nappes sont véritablement des objets de vie, de partage mais sont aussi des vecteurs de transmission qui seront eux-mêmes transmis de génération en génération (tout comme notre savoir-faire). 

Par ailleurs, nos engagements RSE évoluent, nous utilisons du coton bio, nous retraitons nos eaux usées, nous travaillons à l’optimisation de nos flux calorifiques au sein de nos usines et nous appliquons entre autres la semaine des quatre jours. »

Et la durabilité n’empêche pas la créativité. Nappes de toutes tailles, chemins de tables et serviettes colorés mais aussi sets de table qui reviennent en force : l’offre est large. 

En lin chambray, nappe et serviettes de table, ligne Capucine, Alexandre Turpault. Prix public : à partir de 250 € la nappe.

« En termes de mode de consommation, la tendance à l’usage d’une serviette de table en tissu va croissant, observe Caroline Lux, dirigeante d’Avenue d’Alsace. 

La demande est de plus en plus forte au sein de ma clientèle, qu’elle soit française ou étrangère. Elle peut se vendre seule ou associée à un set de table. » 

« Il est important de faire varier les styles au fil des saisons et le linge de table est un moyen idéal pour faire évoluer son intérieur, poursuit Maxime Borin. 

Nous tentons chaque jour de dynamiser un peu plus le marché avec des créations, des innovations aussi bien au niveau du style qu’au niveau du choix des matières. » Idem chez Le Jacquard Français né en 1888 : 

Nappe Citrons, 100% coton créée et fabriquée en France, disponible en trois tailles, Vois Là. Prix public : à partir de 55 €.

« Le marché global est en effet dynamique, avec une offre large, de nouvelles marques sur le marché, souligne Béatrice Brandt, directrice générale de la marque. 

Le lin lavé uni que l’on voyait partout dans les années précédant le covid, a laissé la place à une offre fraîche et colorée chez nous avec de jolis paysages, la jungle, des papillons, des paons, une ode aux paysages exotiques, mais aussi un retour à des motifs figuratifs. 

Et pour compléter, nous avons innové avec Champêtre, une collection tissée avec un fil que nous avons appelé Re-fil, qui est fabriqué à partir de nos chutes de lisières. » 

Le nouvel opus de la collection Pierre (nappe et serviettes) change de tonalité, Tissage de Luz. Prix public : nappe 131 € et serviette 13 € pièce.

Plus que jamais, la couleur s’affiche et dynamise toutes les tables de façon douce ou plus peps comme chez Artiga. Cédée en décembre 2024 par Quitterie Delfour, dirigeante depuis 25 ans de l’entreprise de linge basque, à Victorine et Corentin Waro, la marque, toujours basée à Magescq (Landes), se donne de nouvelles ambitions. 

« La rayure reste l’identité phare de la marque. Nous allons capitaliser sur trois toiles historiques d’Artiga et jouer les couleurs pour développer de nouveaux designs en accord avec la responsable de collection en poste depuis 17 ans, explique Victorine Waro. 

Artiga va également proposer des capsules pour suivre les tendances. L’objectif est de devenir une marque transgénérationnelle dont nous voulons faire briller le savoir-faire. » 

Dans son héritage, Artiga jouit déjà de la certification Origine France Garantie depuis 2012 et du label Sud Terre Textile. 

Tissage Moutet a collaboré avec la designer Élise Fouin. Ici, la nappe Cime. Prix public : à partir de 142 €.

Le Sud-Ouest est riche d’autres belles maisons textiles dont la créativité et l’envie de pousser plus loin le design textile font également partie du renouveau de Tissage Moutet. « Nous poursuivons en 2025 la célébration de nos 150 ans, une étape importante pour notre maison familiale, explique Benjamin Moutet,  5e génération et actuel dirigeant de l’entreprise engagée pour le 100 % fabriqué en France. 

Pour l’occasion, nous avons demandé à la designer Élise Fouin d’imaginer le Moutet de demain. La collection de linge de table Pinaceae décline 8 dessins et 13 modèles dont certains travaillés en double trame pour retranscrire au mieux les reliefs colorés du pin. » Innovante et graphique, la capsule offre un autre regard sur le linge de table.

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DU BEAU LINGE DONNE UNE DEUXIÈME VIE AU LINGE DE MAISON

Basée à Saint-Yrieix (Charente), l’entreprise Du Beau Linge, lancée en 2016 par Edwige Ciria, vise à collecter le linge hôtelier réformé pour le remettre sur le circuit. « 624 000 t de textiles sont mis sur le marché en France chaque année, explique-t-elle. Près des deux tiers de la production deviennent des déchets qui sont détruits alors qu’ils pourraient être réemployés. » Après avoir débuté avec des partenaires locaux, Du Beau Linge compte aujourd’hui parmi ses clients des gîtes, des maisons d’hôtes, des auberges de jeunesse, des centres de vacances et des particuliers. Après avoir été trié et nettoyé, le linge est réemployé ou upcyclé en taies d’oreiller, tabliers, serviettes et chemins de table, coussins ou recyclé. Après une boutique à Saint-Yrieix-sur-Charente, l’entreprise a ouvert un second magasin à La Teste-deBuch (Gironde). « En 2025, nous allons ouvrir de nouvelles boutiques dans différentes villes de France et propulser notre site internet pour relayer notre politique de développement, conclut Edwige Ciria. En 2024, nous avons recyclé plus de 150 t de linge et avons ouvert de nouveaux entrepôts. »

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FAIRE BOUGER LES CODES 

Le jeté de table Garlin ananas a été imaginé et créé à partir des toiles transat de la maison Artiga, en tissu naturel 100% coton issu de l’agriculture biologique. Prix public : 35,50 €. 

De fait, le linge de table est en pleine effervescence. Si la table chic et épurée fait toujours recette, force est de constater que les collections multiplient les propositions originales, les formes, les dimensions et hissent haut les couleurs. 

En témoignent de nouvelles marques qui investissent la table comme nouveau terrain de jeu à l’image d’Alto Duo (2021), Vois Là (2021), Les Chahutées (2022), Maryne Guyot créations (2022). 

« Le marché des arts de la table et du linge de table voit des acteurs qui osent et qui sortent des codes traditionnels du linge blanc et sobre, confie Maryne Guyot, basée à Paris qui propose du linge de maison et de table coloré fabriqué en France. 

Aujourd’hui, la tendance est plutôt à faire ce que l’on veut sur la table, du moment que cela émerveille et crée de la surprise. 

Nappe en coton aux motifs léopard et serviettes et serviettes tie and dye, Maryne Guyot créations. Prix public : à partir de 135 € la nappe et 25 € les 2 serviettes.

Il y a une approche très décomplexée autour du dressage de la table : mixer les couverts, les assiettes, apporter de la vaisselle chinée et les serviettes de table qui ne sont pas forcément assorties mais s’associent avec l’univers de la table... 

On n’hésite pas à transgresser les codes du placement des couverts et de la serviette. Pour moi le marché du linge de table reste très actif et finalement ultra concurrentiel désormais où tous les acteurs qu’il soit de la décoration, du prêt à porter se positionnent pour proposer une offre originale. » 

Un univers en plein renouveau donc à l’instar de Du Beau Linge, un concept de vente de linge de seconde main lancé par Edwige Ciria en 2016 (voir encadré). Ou encore de Vois Là lancé par Manon During et Julie Fouilland d’une passion commune pour la décoration. 

« Notre savoir-faire est avant tout la création de motifs. Nos dessins sont colorés et engagés car chaque collection met en avant une thématique sociale ou environnementale, explique Julie Fouilland.

Pour cela nous collaborons avec des associations à qui nous reversons 1 % des ventes. Cela rend nos créations encore plus particulières et pleines de sens. Linge de table ou de maison, tout est fabriqué dans le Grand Est, nous sommes basées à Strasbourg. Nous proposons également un service de création de motifs et de décoration. Il est donc possible d’imaginer son linge de table du début à la fin. » De quoi réinventer et réenchanter la table pour y passer encore plus de temps.

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