Conservation : un marché en pleine ébullition

À l’heure du “consommer moins mais mieux”, le marché de la conservation fait cogiter les marques. 

L’enjeu est de taille : chaque Français jette en moyenne 30 kg d’aliments consommables par an (l’équivalent d’un repas par semaine), dont 7 kg encore emballés. 

Soient 100 € par personne (Ademe 2020). Pour autant, les mentalités changent : 52 % des Français utilisent des boîtes de conservation plutôt que du papier aluminium ou du film étirable (étude YouGovFrance réalisée du 28/2 au 2/3/2020 auprès de 1 000 personnes représentatives de la population nationale âgée de 18 ans et plus). 

Fait marquant, online, le marché de la conservation a progressé de 61 % (Profitero Cumul YTD juin 2020 en valeur).

LE VERRE FAIT SA RÉVOLUTION

 Très usités, les boîtes et les bocaux en tout genre font partie des premiers contenants adoptés pour la conservation. Si le plastique persiste, avec Duralex, Pyrex, Le Parfait ou Ah ! Table !, le verre se taille une place croissante dans les linéaires. « Le marché de la conservation progresse depuis plusieurs années. Les ventes d’articles en verre augmentent car elles répondent à une demande de produits plus sains en remplacement des boites en plastique, explique Mélanie Lebranchu, responsable marketing chez Pyrex. Les Français ont en moyenne 10 boîtes de conservation par foyer. Cela prendra du temps de changer le plastique en verre mais les gammes sont de plus en plus variées et offrent une vraie polyvalence ! » 

Apprécié, le verre borosilicate garantit santé et sécurité, et sert autant à la conservation des aliments au congélateur qu’à la cuisson à haute température (-20°/+400°C). 

Sa résistance le place au cœur du système de conservation intelligent Stor’eat de Mastrad qui a imaginé une gamme de boîtes dotées de flashcodes sur les poignées des couvercles. Via l’application Stor’eat, il suffit de les scanner pour enregistrer le contenu avec une date de péremption et recevoir des rappels pour ne pas oublier de les consommer. 

« La conservation est un marché mature, exigeant, qui manque d’innovations utiles, estime Mathieu Lion, président de Mastrad. Nous avons toujours eu une petite gamme de conservation, mais maintenant nous l’abordons avec un écosystème plus complet de contenants et d’accessoires connectés et intelligents. Le marché continuera à s’élargir grâce à plusieurs facteurs : l’innovation, l’évolution des besoins des consommateurs, et grâce aux tendances comme le batch cooking, le fait maison et plus récemment le sous vide. Déjà, nos ventes préliminaires sont massives et en progression exponentielle. » 

La conservation n’est pas qu’une affaire de boîtes mais propose d’autres solutions. Avec Reuse & Reduce, Lékué décline par exemple des sacs réutilisables en silicone platine fermés par un système de pinces uniques pour conserver les restes solides ou liquides (debout ou couchés).

L'ÈRE DU SOUS VIDE 

Parmi les derniers arrivants, la machine sous vide alimentaire séduit de plus en plus de consommateurs. Selon GfK Market Intelligence, ce marché a généré un chiffre d’affaires de 5,7 millions d’euros en France sur la période janvier-octobre 2020 en progression de 12 %, versus la même période 2019. 

Parmi ces acteurs, FoodSaver est en hausse de 20 % par rapport à la même période en 2019, Riviera & Bar connaît une croissance à 3 chiffres sur cette catégorie, tandis que Warmcook a lancé les machines sous vide Takaje en juin 2020. 

Même Lidl propose depuis novembre dernier son appareil de mise sous vide (29,99 €).

« Le marché de la conservation est énorme aux USA mais a mis longtemps à se déployer en France. Au-delà des effets de la crise sanitaire sur les habitudes des Français, c’est surtout la prise de conscience globale sur les impacts des déchets sur l’environnement qui motive l’achat de ces appareils, selon Yves Delzenne, DG d’ARB. La mise sous vide préserve les denrées pendant plusieurs semaines, représente une solution de premier choix pour limiter le gaspillage notamment grâce à nos sachets lavables et réutilisables et permet de faire les courses moins souvent."

Des idées pour booster les ventes

> Nicolas Roque, directeur général de Pebbly : « Il ne faut pas hésiter à théâtraliser l’offre et à présenter les gammes de conservation complètes. Cela a plus d’impact et montre aux consommateurs la variété de contenants. Mettez aussi en situation les produits avec des aliments non périssables à l’intérieur afin de se projeter plus facilement » 

> Mélanie Lebranchu, responsable marketing Pyrex : « Au rythme des saisons, organisez des temps forts promotionnels ciblés conservation (pique-nique, recyclage, etc.). L’idée : informer, parler des bénéfices produit et donner des idées aux clients. » 

> Alexandra Petit, brand manager Emsa : « Nous accompagnons les détaillants avec plusieurs solutions d’aide à la revente. L’enjeu est d’attirer l’attention sur ces produits en utilisant le levier des tendances de société (batchcooking/ antigaspillage) et de réussir à convaincre grâce à une expérience shopper réussie. En rayon, nous incitons à toucher les produits, secouer les boîtes, juger de leur côté pratique. »

> Anne-Sophie Lebrun, responsable marketing et commerciale chez Foodsaver : « La conservation sous vide est encore un marché de niche. Nombreux sont ceux qui ne connaissent pas encore ce type de machine pour un usage domestique. L’objectif est de faire connaître cette solution au plus grand nombre via des démonstrations et la communication. »