Des changements profonds dans les usages des consommateurs, une évolution majeure et structurelle de
Depuis quelques saisons, l’authenticité dans les matériaux et les coloris fait son retour dans l’art de la table. Parallèlement, les consommateurs privilégient les contenants multifonctions à l‘image d’une cuisine qui mixe les influences. Revue de détail d’une nouvelle ère.
Alors que le contexte mondial a remis beaucoup de Français aux fourneaux, nombreux sont ceux à avoir (ré)appris à cuisiner, dresser une jolie table pour une convivialité retrouvée à domicile.
En parallèle, depuis quelques saisons, se dessinent de nouvelles tendances en matière de vaisselle grâce à une cuisine où se mélangent les influences du monde.
« Porté par la gastronomie et des chefs innovants, c’est tout le marché de l’art de la table qui s’ouvre sur d’autres cultures, gestuelles et contenants multifonctions qui cassent les standards », décrypte Patricia Beausoleil, directrice des tendances home, environment & design à l’agence Peclers Paris.
DES USAGES REVISITÉS
Baguettes remplaçant les couverts, plat de service sans poignée faisant office de plat à mezze, bols de toute taille accompagnant l’ensemble du repas, assiettes creuses modernisées... L’art de la table est en ébullition.
« Nous sommes entrés dans l’ère du détournement de produits plutôt que dans la création de nouvelles formes, confie Sébastien Fauveau, directeur des marques Luminarc, Cristal d’Arques et Arcopal. Au sein du groupe, nous accompagnons ces nouveaux usages en agrandissant certaines gammes à l’image de Diwali qui en est le parfait exemple. Lancée au départ pour un client indien, il y a environ une quinzaine d’années, celle-ci propose une gamme de 9 contenants multi-usages (plat ovale, saladier, coupelle, bol, 4 types d’assiettes). Elle se vend particulièrement bien. »
L’usage du bol fait en outre partie de cette (r)évolution. « La gastronomie française l’a adopté et celui-ci fait aujourd’hui partie des produits forts portés par une nouvelle cuisine aux influences multiples à l’image du chef Mory Sacko dont les plats revendiquent une double influence, africaine d’une part et japonaise de l’autre », poursuit Patricia Beausoleil.
Tandis que l’assiette creuse reprend du service : « La gastronomie a été prescripteur là aussi et l’ancienne assiette à soupe est aujourd’hui LA pièce maîtresse de nombreuses collections, explique Alexis Evrard, directeurs des opérations chez Bruno Evrard.
Elle est désormais utilisée pour tous les types de plats, de l’entrée au dessert. Le creux est à la mode et ce type d’assiette est revu avec une aile plus large. »
DES EFFETS DE MATIÈRES
Côté esthétique, on assiste depuis quelques saisons à un retour en grâce des matériaux traditionnels. Céramique en tête, grès, terre cuite, faïence, l’esprit artisanat revient en force.
« Plusieurs tendances s’affirment à table, mais celle qui domine remet au goût du jour une envie de rusticité avec de la vaisselle qui valorise le geste, les effets de matières, de textures et les irrégularités dans des formes somment toute assez minimalistes », détaille Patricia Beausoleil.
Si la couleur ainsi que le blanc restent toujours d’actualité, c’est davantage la texture et la matière qui font la différence. « Nous sommes sur un trend de formes classiques révélées par des coloris innovants grâce à un travail de glaçure, explique Kaat Coninx, responsable marketing & communication du groupe Aerts NV. Sur la vaisselle en grès cela donne un aspect rustique au rendu unique car la plupart de nos gammes (Atlas, Mielo, Dusk) sont finies à la main, à l’aide d’un vernis réactif. Grâce à ce processus, il n’y a pas deux pièces identiques. »
« Désormais, nous sommes moins dans l’ornemental et plus dans l’évocation de la nature, de la matière, confirme Sébastien Fauveau. Ainsi, sur l’opale, l’un de nos matériaux phares qui est lisse, les effets comme le marbré viennent remplacer les aplats unis. Une tendance qui devrait porter les ventes jusqu’en 2023. »
UNE TENDANCE DE FOND
Et autour des assiettes, les verres et les couverts suivent le mouvement vers plus de rusticité. « La coutellerie se rapproche de l’artisanat avec moins de brillance et davantage de satiné, de matité façon canon de fusil, voire des teintes s’approchant des métaux bruns, des patines antiques, du martelé. Les formes se font plus simples également », souligne Patricia Beausoleil. Dans cette mouvance, les manches en bois sont plébiscités par les acheteurs. « Il y a un intérêt assez incroyable pour le bois qui était totalement has been il y a 5-6 ans, confirme Édouard Froment, directeur de Capdeco. Ainsi, nos dernières nouveautés sont uniquement des modèles bois, à l’image de Bamboo. Notre bestseller restant Byblos fait à partir de buis. »
Enfin, côté verre, la forme gobelet de toute taille est très tendance. Là, tout est permis : coloré, bullé, fumé, marbré... « Pas une ligne de verre ne sort sans gobelet », note Alexis Evrard chez Bruno Evrard. Tandis que la mixologie a remis au goût du jour des verres de plus grande contenance. On passe à table en toute simplicité !