Dossier

Le statut d’artisan-cuisinier entre en vigueur

05 juillet 2017

Depuis le 1er juin dernier, les restaurateurs peuvent se prévaloir de la qualité d’artisan-cuisinier. Un nouveau statut dont la profession attend beaucoup.

Il s’en est fallu de peu pour que le décret sur le statut d’artisan-cuisinier soit, une nouvelle fois, reporté à la prochaine majorité gouvernementale. Il est paru au Journal officiel le 11 mai dernier, à quelques jours seulement de la nomination du gouvernement par le Président Emmanuel Macron. Pour Hubert Jan et Jean Terlon, respectivement président et vice-président de la branche restauration de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), c’est un soulagement ! La bataille sur l’obtention du statut d’artisan pour les cuisiniers remonte en effet à la présidence de Nicolas Sarkozy (2007- 2012), « alors que tous les autres métiers de bouche (bouchers, boulangers, pâtissiers, etc.) en bénéficiaient déjà, constate Hubert Jan. 

Nous étions les derniers à ne pas pouvoir utiliser juridiquement le terme d’artisan. » Il aura donc fallu attendre juin 2017, date d’entrée en vigueur du décret, pour qu’en France, pays de la gastronomie, le métier de cuisinier soit inscrit au répertoire des métiers. Et les avantages que la profession est susceptible d’en tirer sont multiples.

Valoriser la gastronomie française 

D’un point de vue strictement administratif, le statut d’artisan-cuisinier permet au restaurateur éligible de s’inscrire à la chambre des métiers, en plus de celle des commerces, ce qui donne accès à de meilleures conditions bancaires, par exemple. Mais, pour l’Umih, la reconnaissance du statut d’artisan-cuisinier s’intègre surtout dans un dispositif global de valorisation de la gastronomie française. Il complète la mention “fait maison” et le titre d’Etat de “maître restaurateur”. Claude Izard, président de l’association Les Cuisineries, estime que « le statut d’artisan-cuisinier crédibilise la qualité des produits servis par le restaurateur et justifie les prix de la carte auprès des consommateurs. L’artisanat, ça n’est pas une chaîne d’assemblage, mais un homme qui fabrique lui-même ! » 

Un plan de communication nationale devrait d’ailleurs être mis en place en septembre par les chambres de commerce et des métiers, pour que les restaurateurs profitent, à leur tour, de l’engouement des Français pour les métiers de l’artisanat. L’étude “Les commerçants, artisans, professionnels de proximité préférés des Français”, menée par Harris Interactive en juin 2015, désigne le boulanger/pâtissier comme le “chouchou” des Français. 54% des sondés le considèrent comme l’un de leurs trois artisans préférés. Un classement désormais courtisé par les artisans-cuisiniers. 

Focus sur la formation 

Bien que les critères d’obtention du nouveau statut soient stricts, « la cuisine pratiquée par un artisan-cuisinier ne pouvant être élaborée qu’à partir de produits bruts sur place », Claude Izard regrette, toutefois, qu’un contrôle qualité ne soit pas imposé. « L’Etat doit nous accompagner pour créer un circuit 100 % artisanal de la terre à l’assiette. Cette filière alimentaire et artisanale regrouperait tous les artisans des métiers de bouche et garantirait le développement de la qualité alimentaire artisanale. » Le second enjeu du décret concerne la formation. « Le savoir-faire de cuisinier est en déperdition. Le déficit de formation est colossal ! 

Près de 150 000 offres d’emploi ne sont pas pourvues dans la restauration. C’est pourquoi il est primordial de valoriser la profession de cuisinier, prévient Jean Terlon (Umih restauration). Les écoles professionnelles du secteur attirent de nombreux apprentis cuisiniers, mais peu d’entre eux ont la vocation de devenir restaurateur.» Or, pour être éligible au statut d’artisan cuisinier, le chef de l’établissement doit lui-même être titulaire d’un CAP/BEP dans le domaine de la cuisine, ou d’un certificat de qualification professionnelle de cuisinier ou justifier d’au moins six ans d’expérience comme cuisinier. 

Le statut d’artisan-cuisinier étant rattaché à son exploitant, un chef d’établissement qualifié d’un diplôme en école de commerce, par exemple, et qui embauche un chef cuisinier certifié pour pratiquer une cuisine “fait maison” ne peut pas, pour autant, disposer du statut d’artisan-cuisinier. Alors que la notion de “maître-restaurateur”, créée en 2007, est la propriété d’un chef de cuisine, qu’il soit salarié ou non. Aujourd’hui, près de 25 000 restaurateurs sur les 100 000 existants en France sont en mesure de demander le statut d’artisan-cuisinier, auprès de leur chambre des métiers.

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