Du 5 décembre au 12 janvier prochains, La Romaine Éditions prend ses quartiers à l’Hôtel des Académi
Soufflé, teinté, moulé, transparent, opaque, élastique, inaltérable, réalisé en 3D, le verre est omniprésent dans notre quotidien.
A peine assis à la cantine, mon camarade de classe me demande :
«Tu as quel âge aujourd’hui ? » « Attends, je regarde !, réponds-je
en soulevant mon verre Duralex. J’ai 6 ans. Hier j’en avais 8 ! »
C’était ma première initiation aux arts de la table.
Depuis la nuit des temps, le verre existe à l’état naturel (sous le nom
d’obsidienne s’il est d’origine volcanique, tectite s’il est issu d’une
météorite, ou fulgurite s’il provient de la fusion de sable atteint par
un éclair).
Vers 3 000 ans avant J.-C., en Mésopotamie, en Syrie ou
en Égypte, on retrouve les premières traces d’objets en verre. Ceuxci ne sont pas encore transparents ou translucides mais opaques, de
couleur verte ou bleue. En 1 500 avant J.-C.
les fours permettent
d’obtenir de plus hautes températures, pour une matière mieux affinée : le verre devient translucide. Un siècle avant J.-C., grâce à
l’invention de la canne à souffler, le verre transparent fût conçu.
L’utilisation du verre décline pendant le Moyen-Âge, mais redevient
utile à la Renaissance. C’est à partir du XVe
siècle que son commerce
devient fleurissant. Les verreries vénitiennes, celles de Murano par
exemple, parviennent à éliminer, par lessivage, les éléments colorants
contenus dans les cendres végétales. Ce procédé permet d’obtenir un
verre clair, le cristallo. Celui-ci assure à Venise, pendant deux siècles,
la domination sur ce marché.
Au XVIIe
siècle, les Allemands mettent au point des verres à la chaux
de potasse plus fins, plus faciles à graver et plus durables : le verre de Bohême. En Angleterre, par ajout d’oxyde de plomb dans la
composition de base, le chimiste Georges Ravenscrotf invente le
verre cristal, destiné à imiter l’éclat du cristal.
Ce verre remplaça
rapidement son fragile cousin vénitien. Il faut attendre 1781 pour
que la méthode soit redécouverte en France aux cristalleries SaintLouis. La technologie du verre évolua rapidement. Les premiers
moules apparurent en 1821 mettant fin au soufflage du verre pour
les bouteilles et autres gobelets.
Un choix déterminant pour les arômes
Entre féérie et praticité, chaque verre est conçu pour répondre à un
besoin précis. Pour le vin, selon sa taille, sa forme, son ouverture,
le choix du verre est essentiel pour que le breuvage et ses arômes
s’expriment en permettant l’oxygénation. De même, il détermine
la réaction et l’évolution du vin tout le long de la dégustation. En
termes de verres à vin, la gamme est vaste, il faut pratiquement un
verre spécifique par typicité de vin selon sa couleur, son cépage, sa
région viticole et son besoin en oxygénation.
Quelques exemples : le
verre à Bordeaux est effilé avec une ouverture plus large, permettant
aux tanins, parfois un peu rudes, un meilleur temps d’oxygénation.
Le verre à Bourgogne, arrondi avec une ouverture plus restreinte,
concentre les arômes en permettant une moindre aération.
Le verre
INAO est, quant à lui, le verre universel pour la dégustation de tous
types de vin. Il existe bien d’autres verres (à cocktails, à bières, à
liqueurs, à eaux de vie) mais parlons du verre à eau et de son évolution : il est devenu tendance de nos jours.
Depuis quelques années,
il a perdu sa jambe et son pied pour devenir un gobelet de table et se
décline sous différentes formes et couleurs en apportant une réelle
identité aux arts de la table.
Pour savourer le champagne, il y a des coupes qui sont accusées
de lui faire perdre son bouquet, et des flûtes qui ont l’avantage de
mieux conserver son effervescence, voire de la provoquer avec un
possible point d’ancrage surnommé “point d’effervescence”, créateur
et révélateur de bulles.
La carafe, véritable “pot à boire” en verre ou en cristal, permet le
service du vin, des liqueurs et des eaux de vie. Elle est utilisée par
les sommeliers pour aérer ou décanter un vin en le séparant de son
dépôt.