Le verre : la mise gagnante

04 mai 2023

Déjà fort répandu dans les cuisines des consommateurs, le verre culinaire connaît un second souffle sous l’effet conjugué de plusieurs facteurs. Pour décupler son potentiel commercial, les fabricants s’évertuent à le rendre toujours plus polyvalent et design.

Kavalier est fabricant de verre borosilicate depuis 185 ans, distribué sous les marques Kavalier et Simax. Les produits Simax sont garantis pour une utilisation à des températures comprises entre - 40 °C et + 300 °C

Très apprécié pour sa résistance thermique et mécanique et sa transparence, le verre culinaire est présent depuis des décennies dans pratiquement toutes les cuisines, que ce soit sous la forme de plat, de bocal, de ramequin, mais aussi d’ustensiles de préparation (bol mélangeur, verre mesureur, etc.) voire de cocottes. Cela étant, il bénéficie actuellement d’un regain d’intérêt chez les consommateurs car la résistance est loin d’être son seul atout. Il est aussi aujourd’hui plébiscité pour sa durabilité et la sécurité alimentaire qu’il garantit. Le verre culinaire n’a bien entendu pas fait exception au phénomène observé par les acteurs de la catégorie cuisson lors de la pandémie de covid-19 dont les conséquences ont considérablement incité, voire contraint, les consommateurs à cuisiner chez eux, générant une forte demande. 

Boites de conservation carrées en verre et silicone transparent chez Pebbly, partenaire du collectif 1 % pour la planète et qui reverse ainsi 1 % de son chiffre d’affaires annuel à des associations militantes œuvant sur le terrain pour la cause environnementale. Prix public de 11,50 € à 20 € selon la taille

Le verre culinaire en l’occurrence reste un produit extrêmement populaire car même si l’industrie verrière dans son ensemble a subi de fortes hausses (énergie, coût des conteneurs, masse salariale, etc.) en 2022, il reste relativement bien positionné en termes de prix : « S’assurer de toujours vendre en capacité et au prix juste, dans les limites tarifaires acceptées par le client, tel est l’enjeu depuis plusieurs mois », reconnaît Julien Le Breton, responsable des ventes France de Pasabahce. Pour préserver ses finances de la crise énergétique, le verrier de La Chapelle-Saint-Mesmin, Duralex, a même été contraint de mettre en sommeil son four et ses salariés en chômage partiel à l’automne 2022 et ainsi suspendre sa production jusqu’à ce mois d’avril. 

La vente de denrées alimentaires en vrac est aussi un levier de croissance pour le verre culinaire. Pour aider les consommateurs à gérer leurs stocks, Mastrad a doté ses bocaux Stor’eat en verre borosilicate, de QR codes fonctionnant avec l’application du même nom.

« Le consommateur cherche à acheter mieux et plus malin, et c’est encore plus vrai dans le contexte économique actuel, note Juliette Duval, chef de produits ovenware chez Luminarc (groupe Arc). Le verre culinaire est un allié du quotidien et pas uniquement pour la cuisson : il sert aussi à préparer, servir, présenter, transporter et manger pour certains formats. Mettre l’accent sur le multi-usage permet d’éviter l’achat d’un contenant pour une seule tâche. Il y a une notion d’économie dans la polyvalence du verre. » Autre levier de croissance pour le verre culinaire, l’attrait des consommateurs pour les solutions alternatives aux produits jetables et à usage unique. 

Lancée en septembre dernier, la collection Smart Cuisine Wavy de Luminarc s’enrichira en juin prochain de nouvelles références. Un accent sur le design, la couleur et les accessoires est annoncé ces prochaines années pour les collections en opale culinaire du verrier français. Prix public : 4,50 € le ramequin 11 cm ; 15,70 € le plat à tarte 28 cm

La demande pour des articles durables va croissant, renforcée par la réglementation, avec la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire impose depuis janvier au secteur de la restauration rapide de bannir la vaisselle jetable pour la consommation sur place (voir encadré). « Nous observons un regain d’intérêt flagrant depuis 5 ou 6 ans pour le verre grâce à la conservation, souligne Mélanie Le Branchu, marketing director France & food service de La Maison française du verre (marques Pyrex et Duralex). Un Français possède en moyenne une dizaine de boites de conservation, souvent en plastique chez lui. Or les consommateurs sont nombreux à projeter leur remplacement, ce qui bénéficie à la transition vers le verre. 

Pyrex qui vend 44 millions de pièces chaque année, a notamment fondé son succès sur la qualité de son verre borosilicate qui se caractérise par sa résistance thermique : il est compatible avec le congélateur jusqu’à -40°C et le four jusqu’à + 300°C, supportant une amplitude thermique directe de 220°C. Dans sa démarche visant à réduire le recours aux matières plastiques, le fabricant a lancé la gamme Zero Plastic, dont les couvercles sont en verre doté des mêmes propriétés. Prix public : 19,90 € la boite 0,8 l.

Celle-ci prend du temps car le verre est plus onéreux que le plastique, mais elle est bel et bien en marche. » Car le verre possède aussi un atout majeur à l’heure où les produits sains ont la faveur des consommateurs : il est non poreux, ne retient ni les taches ni les odeurs, et se nettoie facilement à la main ou au lave-vaisselle. Matériau inerte et neutre, il est aussi exempt de produits chimiques, et il n’y a aucune migration de molécules vers le contenu. Sans oublier qu’il est possible de découper à l’intérieur sans risque de l’endommager. « Enfin, le client est aussi sensible à son côté écologique, relève Julien Le Breton. Rien que dans la composition du verre, il y a déjà 30 % de matière recyclée au minimum. »

LE DESIGN, NOUVEAU TERRITOIRE D’EXPLORATION

Le verre sodocalcique Duralex se caractérise par sa résistance aux chocs mécaniques, grâce à la trempe appliquée lors de sa fabrication. S’il n’est pas compatible avec un usage au four traditionnel, il est en revanche l’allié idéal de la conservation et du repas nomade. Ici la gamme Freshbox. Prix public : 39,90 € le set de 5 boites.

Le verre culinaire en tant que matériau a donc fait ses preuves depuis bien longtemps. Pour autant l’étendue de son potentiel n’est pas finie ! Et pour cause, que ce soit en termes de design et d’esthétique, il séduit là encore le consommateur, à commencer par ceux qui apprécient sa transparence pour surveiller la cuisson ou mettre en valeur une présentation lors du service. Mais les fabricants, pour répondre à des préférences différentes, n’hésitent pas à lui faire prendre des couleurs, à l’instar de Pyrex qui a associé, dans sa gamme Color’s, les vertus de son verre borosilicate à une palette de finitions extérieures colorées. Luminarc, pour sa part, a choisi de faire de l’opacité de son verre opale un facteur différenciant avec le développement depuis 2018 de sa gamme Smart Cuisine. « Notre concept d’opale culinaire vise à réunir les atouts du plat transparent – léger, résistant mais très répandu – et le côté esthétique des plats en céramique – très beaux mais relativement lourds, explique pour sa part Juliette Duval. Nous proposons ainsi un matériau que les consommateurs connaissent bien et apprécient, mais opaque et structuré en termes de formes pour une solution pratique à utiliser au quotidien, légère et adaptée au service à table. » Chez Pasabahce, « 10 à 15 mouleries sont développées chaque année. Chacune représente un coût de 30 000 € à 50 000 €, nous investissons donc énormément pour agrémenter les gammes », fait valoir Julien Le Breton. La marque Borcam (Pasabahce), spécialisée dans le verre borosilicate, regroupe ainsi une dizaine de familles de produits représentant une centaine de références.

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SO URBAN, LA CARTE DE LA VAISSELLE RÉEMPLOYABLE PAR ARCOROC

Depuis le 1er janvier dernier, dans le cadre de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec), les enseignes de restauration rapide sont tenues de remplacer la vaisselle jetable par des produits réutilisables, pour les repas et les boissons servis sur place. 

Arcoroc (groupe Arc) a ainsi mis au point So Urban une gamme de contenants en verre réutilisables et consignables, spécifiquement conçue comme solution alternative au plastique à usage unique pour les secteurs de la restauration, de la vente à emporter et de la livraison. La gamme se décline en six capacités pour couvrir tous les besoins, de l’entrée au dessert. La traçabilité des contenants est un point névralgique du concept : un système de QR codes sérigraphiés sur chaque contenant So Urban permettent de recueillir en temps réel des informations (localisation du contenant, état des stocks, niveau des ventes, taux de retour et de perte) et de gérer les flux financiers relatifs au débit de la caution lorsque le contenant n’est pas rapporté. Plusieurs modes d’incitation à la restitution des contenants sont actuellement testés, du classique rachat au don à une association caritative, en passant par la remise de bons d’achat valables dans les magasins collecteurs.

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L’ACCESSOIRE, LEVIER DE CROISSANCE DE LA CATÉGORIE

Résolument moderne, le verre reste donc une valeur sûre a fortiori parce qu’il s’est adapté aux nouveaux usages en matière de consommation, avec des fabricants à l’affût quand il s’agit de l’accessoiriser pour le démocratiser davantage. 

Créée en 1986, la marque Borcam (Pasabahce) propose des articles en verre borosilicate qui se caractérise par sa brillance et sa résistance. Avec une centaine de références, le fabricant explore tous les champs culinaires, y compris la pâtisserie. Prix public : 5,90 € le moule à charlotte 168 cl

« La conservation, un sujet dont on parlait peu il y a une dizaine d’années, contribue désormais considérablement au développement de l’offre », illustre Mélanie Le Branchu. L’innovation en la matière a notamment trouvé matière dans la déclinaison de couvercles. Et le batch cooking qui consiste à préparer les plats de la semaine en amont, ou encore le vrac ont naturellement stimulé la catégorie. « Forte tendance à la cuisine maison oblige, les besoins sont réels et le développement d’accessoires permet de multiplier les usages : storage, réchauffage, cuisson au four voire sur le feu pour certains produits tels que les grils, congélation, etc., grâce à des typologies d’accessoires différents, conclut Julien Le Breton. Cela décuple la versatilité du verre, et le marché en est friand. » 

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