Des changements profonds dans les usages des consommateurs, une évolution majeure et structurelle de
L’offre en produits antigaspillages foisonne, et il y a tout lieu de penser que cette tendance poursuivra sur cette lancée. Les industriels rivalisent d’ingéniosité en matière de développement et de communication, à l’heure où l’ensemble des réseaux de distribution mettent en avant leur proposition zéro déchet.
À l’heure de l’entrée en vigueur des premières dispositions de la
loi antigaspillage pour une économie circulaire (Agec) qui vise
notamment l’éradication des emballages plastiques à usage
unique d’ici à 2040, le mot d’ordre consiste à s’affranchir progressivement du jetable. Et pour cause : un Français produit chaque année 568 kg
de déchets (source : Ademe) répartis entre les ordures ménagères, les
conteneurs de tri et les déchèteries.
Dans un contexte où les indicateurs environnementaux sont au rouge, les défis consistant à rendre les actes de consommation courante – nomade en particulier – moins générateurs de déchets stimulent les acteurs de la filière art de la table, dont la plupart n’a pas attendu la législation en question et se révèle engagée en matière environnementale depuis des années. Côté consommateurs, les attentes se révèlent renforcées en la matière consécutivement à la crise sanitaire.
Et si elles concernent prioritairement, de façon évidente, les produits alimentaires (voir encadré), elles s’étendent progressivement aux biens d’équipement de la maison et de la personne. Et c’est de bon augure. La catégorie art de la table a en effet plusieurs atouts à faire valoir à l’heure où 75 % des consommateurs européens sont de plus en plus sensibles à l’impact environnemental et social de leur consommation (source : Oney, octobre 2021) : au-delà du facteur prix, les consommateurs se révèlent de plus motivés par l’impact environnemental des achats et la possibilité d’accéder à des produits de meilleure qualité. Et ce n’est pas tout : plusieurs études soulignent que les marques sont attendues sur leur capacité à favoriser une consommation plus vertueuse. Les questions de packaging ne résument donc plus à elles seules l’engagement des marques en matière environnementale.
Les industriels et les fournisseurs se révèlent actifs à proposer des solutions limitant la production
de déchets, que ce soit à ou hors domicile. Et surtout ils arrivent avec
de nouvelles propositions où l’écoresponsabilité rime avec désirabilité.
C’est par exemple le cas du distributeur Plan B, fondé en 2020 par
Antoine Hosseini, qui s’est fixé pour mission de repérer et diffuser des
marques (Stasher, Hip, Stojo) qui conçoivent dans des matériaux inédits
recyclés et recyclables pour des solutions alternatives à l’usage unique.
LA CONSOMMATION RESPONSABLE RÉSISTE, VOIRE PROGRESSE
Publié le 18 novembre dernier, le 3e baromètre de la transition alimentaire Max Havelaar/Opinionway met en évidence que, malgré un retour à certaines habitudes pré-covid, le panier responsable (consommation locale, équitable, bio, zéro déchet) des Français résiste, voire progresse. 90 % achètent ce type de produits au moins une fois par mois, et 66 % au moins une fois par semaine.
Les moins de 35 ans consomment davantage responsable que le reste de la population : ils sont notamment 67 % à plébisciter les produits sans ou limitant les emballages versus 50 % le reste de la population. Autre enseignement : même si le secteur alimentaire est incontestablement prioritaire pour 77 % des Français en matière de consommation responsable, de nouveaux secteurs s’affirment dans leur choix : habillement/ textile/mode (+ 3 points, à 30 %), papeterie (+ 3 points, à 8 %), bijouterie (+ 2 points, à 5 %). En progression également, la demande de transparence et de traçabilité (“savoir d’où viennent les produits”) gagne 4 points par rapport à 2019 pour atteindre 39 %. A noter que si le prix constitue toujours le principal frein (67 %) à la consommation de produits alimentaires responsables, il perd 5 points par rapport à 2019.
Nouvel enseignement du 3e
baromètre Max Havelaar/Opinionway : les Français ont des attentes fortes en matière de
consommation responsable en restauration hors domicile, et
cela concerne les restaurants et les cantines. 81 % attendent
des restaurateurs qu’ils intègrent des produits alimentaires
responsables à leur carte, avec l’intégration de produits
locaux, bio, équitable... et sans déchets !
L’HYDRATATION PIONNIÈRE
Les produits nomades tels que les bouteilles de voyage ou les couteaux pliants font partie du quotidien d’un nombre croissant de personnes, portés par une tendance haussière depuis 2019 qui ne faiblit pas pour l’heure.
Ces accessoires ne sont plus les compagnons privilégiés des amateurs d’outdoor, de sport ou d’activités liées au bien-être. « Le marché des produits nomades et antigaspillages a réellement démarré mi 2019 avec l’hydratation qui est toujours en progression. Celle-ci se poursuit avec l’alimentation et va probablement se déployer en parallèle sur d’autres consommations telles que le thé ou le café, en vue de remplacer les gobelets jetables », analyse Stéphane Miquel, CEO de Qwetch.
QWETCH LANCE UN 1ER PRODUIT MADE IN FRANCE
La loi Agec interdit la vente de pailles, couverts, boîtes en polystyrène expansé, couvercles de boissons et gobelets à emporter en plastique, etc., depuis janvier 2021. Le consommateur a désormais la possibilité d’apporter son propre contenant réutilisable dans les commerces de détail. C’est pourquoi Qwetch a imaginé une solution visant à faciliter la démarche zéro déchet des consommateurs et lancé ainsi cet automne une boite traiteur. Cette dernière résulte d’un travail de recherche avec le fabricant français d’ustensiles de cuisson en inox Cristel, fondé sur les valeurs communes des 2 entreprises en termes de politique environnementale. Fabriquée en inox 18/10 à 94 % recyclé dans l’usine Cristel, cette boite traiteur est dotée d’un système de fermeture en silicone réalisé en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ce joint a été conçu pour assurer l’étanchéité sans pour autant être en contact avec le contenu de la boîte.
« Cette proposition s’adresse, de par sa simplicité d’utilisation et d’entretien (compatible avec le four traditionnel, le bain-marie et le lave-vaisselle, empilable, composée de 3 éléments tous remplaçables) mais aussi de sa robustesse, aux pratiquants d’activités outdoor. Elle sert aussi un usage plus urbain pour la restauration à emporter pour accompagner les particuliers dans la démarche zéro déchet et aider les restaurateurs à mettre en pratique les directives du gouvernement », détaille Stéphane Miquel, dirigeant de Qwetch. Ce produit, non isotherme, constitue la première innovation 100 % made in France de Qwetch. « Nous travaillons désormais à décliner la boite traiteur dans de nouveaux formats et avec des décors. Elle ne doit pas seulement être pratique, elle doit aussi être jolie », conclut Stéphane Miquel.
Le marché de l’hydratation a encore de beaux jours devant lui, quand le taux d’équipement en bouteille isotherme en France est estimé aux alentours de 15 %, souligne Michel Paulo,
dirigeant de Les Artistes Paris. Et parce qu’une gourde en inox a une longévité minimale de plusieurs années, plusieurs acteurs s’emploient à proposer un accompagnement sur la durée de vie du produit : c’est le cas de Qwetch, mais aussi de la marque française Rezo (ex-Zero qui a changé de nom cette année) a imaginé une brosse de nettoyage conçue pour les gourdes. La marque Les Artistes Paris développe quant à elle des poignées pour son modèle Pull Can’it pour permettre une meilleure préhension par les enfants et lance au printemps prochain un bouchon sport adapté à la Bottle’up… Car le sujet de la gourde concerne désormais tous les consommateurs. « L’offre s’est élargie avec l’entrée de gamme, note Michel Paulo.
Pour nous différencier, nous avons une communication centrée sur le produit (traçabilité, brevet) et non sur le prix. Pour les magasins en libre-service, nous avons notamment conçu un présentoir représentant notre Bottle’up en plan de coupe pour mettre en évidence sa technologie et ses bénéfices pour sécuriser le consommateur. » Car en matière de contenants nomades, les impératifs d’étanchéité, de robustesse, de conservation thermique et de facilité d’entretien restent, outre le design, parmi les principaux critères de choix. « Nous identifions deux grandes typologies de consommateurs, décrit Stéphane Miquel.
La première regroupe les consommateurs soucieux de leur santé, qui
s’alimentent bio et qui ont intégré que le plastique est nocif pour la
santé. Dans leur cas, une préoccupation liée à la santé motive l’achat.
La seconde réunit ceux qui s’équipent d’une gourde pour réduire leur
impact environnemental : pour ceux-là, l’étanchéité prime, suivie du
design. Dans tous les cas de figure, l’important est que la démarche
aille dans le sens de la réduction des déchets ! »
NOUVEAUX TERRAINS D’EXPRESSION POUR LE VERRE ET LA PORCELAINE
L’inox n’est pas le seul matériau à être plébiscité pour ses vertus : le
verre a aussi ses atouts pour aider à endiguer la consommation d’objets à usage unique. Il permet notamment de cuisiner, de conserver, de
transporter et de réchauffer les aliments. Citons par exemple Luminarc
qui mis en œuvre une offre en phase avec les modes de vie actuels :
bocaux de rangement pour le vrac, contenants de toutes tailles pour le batch cooking. La marque a même noué un partenariat avec Bocolocco pour la livraison des courses de vrac dans des bocaux Luminarc.
Bormioli Rocco déploie pour sa part sa gamme Frigoverre avec de
nouveaux couvercles et formes (Evolution) pour l’élargir à de nouveaux
périmètres de consommation et de nouvelles cibles.
En matière de produits nomades et zéro déchet, la porcelaine a aussi des atouts dans sa manche. Plusieurs fabricants se sont risqués à l’exercice, forts du caractère sain de ce matériau. C’est par exemple le cas de Dibbern qui a lancé en novembre dernier un set dédié à la préparation du café en se fondant sur le constat que cette denrée haut de gamme et la porcelaine allaient naturellement de pair.
« Il est grand temps de mettre activement en œuvre des initiatives respectueuses de l’environnement,
ce qui inclut la réduction des déchets quotidiens, en particulier ceux en
plastique jetable », souligne-t-on également chez Dibbern. La marque
a ainsi collaboré avec les frères Keshishian qui détiennent l’entreprise
de torréfaction Public Coffee Roasters pour créer un filtre en fine bone
China qui conjugue artisanat, durabilité et esthétisme pour une extraction optimisée et surtout la fin du recours aux filtres jetables.
La porcelaine se révèle aussi l’alliée d’une restauration ou d’une boisson hors domicile sans déchet ni plastique : fort des vertus de sa premium porcelain (compatibilité avec le lave-vaisselle, le congélateur, le four à micro-ondes ou traditionnel, neutralité gustative, absence de substances nocives), Villeroy & Boch a lancé en 2020 des produits nomades, adressés à ceux qui sont souvent en déplacement et qui déjeunent régulièrement à l’extérieur, au bureau ou sur l’herbe par exemple.
Les
boites repas sont en effet déclinées dans différentes tailles pour les
repas préparés à l’avance, mais aussi pour les achats en vrac ou la
conservation. Le plus ? Les couvercles en porcelaine peuvent faire office
d’assiettes. Pour emporter les boissons et les aliments liquides, tels que
les soupes, le fabricant a mis au point 2 mugs polyvalents (0,3 l et 0,45 l)
pour le transport de smoothies, de yaourts ou d’en-cas, la conservation
des thés, des confitures ou des noisettes.