Dossier

Porcelaine : toujours chic et dynamique

01 septembre 2021
Par : Céline Vautard

Boosté par la crise sanitaire, le secteur art de la table n’est pas resté au placard. Chiffres à la hausse, innovations et demande du grand public montrent que la porcelaine a encore de beaux jours devant elle.

L’époque est révolue où la belle porcelaine restait sagement rangée attendant une grande occasion. Malgré les listes de mariage à la baisse et l’évolution des attentes des consommateurs, la porcelaine n’est pas délaissée pour autant et poursuit sa mue portée par des atouts phares : robustesse, finesse, légèreté et matières premières naturelles.

« Clairement, les pièces en porcelaine font aujourd’hui partie des achats plaisir, confirme Alexis Evrard, directeur des opérations chez Bruno Evrard. La nouvelle génération aime le changement certes, et n’achète pas des services complets, mais choisit des pièces en porcelaine par touche. Nous constatons cela sur le digital avec des achats en mode picking. »

« Il y a une forte poussée de l’assiette avec des volumes plus importants que dans l’univers de la cuisson, note Paul Ambroise Saunier, directeur marketing chez Revol. Malgré une année qui a été très difficile, car nous sommes tributaires des restaurateurs et de hôtellerie, la reprise est là et la porcelaine séduit toujours en France comme à l’international où nous réalisons 75 % de notre activité. »

La French porcelaine toujours plébiscitée

Ainsi en 2019, la production de vaisselle en porcelaine (poterie et faïence inclues) a progressé de 1 % à 54,5 millions d’euros de chiffres d’affaires versus 53,7 millions d’euros en 2018.* Pandémie oblige, les exportations sont à la baisse : 52,2 millions d’euros en 2020 versus 58,2 millions d’euros en 2019 (- 10%). Pour autant, les 4 premiers mois de 2021 sont à la croissance avec une évolution de + 7 % par rapport à la même période en 2020. Parmi les principaux pays friands de porcelaine en 2020, sont recensés par ordre d’importance : l’Union européenne : 28,6 millions d’euros (- 15% sur 2019), les États-Unis : 11,7 millions d’euros (- 33%), le Royaume-Uni : 9,5 millions d’euros (- 16%), le Japon : 7,7 millions d’euros (+ 23 %) et la Suisse : 7,1 millions d’euros (- 8%).**

« Le marché américain est reparti plus vite que l’Europe, souligne Paul Ambroise Saunier. Nous l’avons constaté avec notre filiale sur place. Enfin, la reprise des grands projets hôteliers et la réouverture des restaurants va nous permettre, mais également à tout le marché, de retrouver notre rythme. »

Un retail dynamique

Si pendant la pandémie, l’e-commerce a tiré son épingle du jeu, le retail reste pour la porcelaine un lieu pour s’exprimer pleinement. Ainsi sur 972 millions d’euros de ventes totales de vaisselle en 2018 (hors internet), 39 % (soient environ 256 millions d’euros) ont été alloués sur la même année à la vente de vaisselle en porcelaine en commerce de détail.*** 

1. : Esprit graphique pour la nouvelle collection Oscar de la maison Bernardaud imaginée par Joy de L’Hermite, jeune diplômée de l’école Camondo. Prix public : à partir de 35 € l’assiette à pain 16 cm. - 2. :  Travail de formes, de couleurs et de textures, la nouvelle gamme Suprematism par Imperial Porcelain Manufactory retranscrit l’élan créatif des années 1920-1930.  - 3. : Avec la collection Evolution, la designer Stefanie Hering (Hering Berlin) rompt avec les codes traditionnels en donnant aux assiettes des formes organiques. Prix public : à partir de 154 € l’assiette plate. - 4. : La collection Kaya de Maomi comporte une série d’assiettes, de tasses, de bols en porcelaine fabriqués au Vietnam selon des techniques traditionnelles. 3 coloris disponibles : eggshell, greige-ecru, shiny-white. Prix public : 48 € l’assiette ø 28 cm. - 5. : La série Gochi de Cookplay joue avec les plans horizontaux et verticaux pour la présentation. Prix public à partir de 9,45 €.

« C’est aujourd’hui un marché dominant, tous les gros faiseurs travaillent sur de la porcelaine, confie Annick Boucher, acheteuse senior maison au sein des Galeries Lafayette Haussmann. La demande consommateur est présente, la porcelaine restant un gage de qualité. Le 3e étage de l’espace maison boulevard Haussmann est dédié à l’art de la table où l’on retrouve les marques mises en avant tout au long de l’année avec un réel univers de marque comme Anne Demeulemeester. Le grand magasin donne également une visibilité aux plus petites marques de façon éphémère au sein de l’espace multimarque Labo et à travers des pop-up stores dont fera partie Ginori 1735 à la rentrée. Cela permet de renouveler les collections plusieurs fois par an, en fonction des cahiers des tendances et de thématiques du moment, mais également d’être force de propositions auprès des consommateurs et de donner de la visibilité aux plus petits créateurs. »

« La porcelaine de Limoges a toujours séduit les particuliers et les chefs en France, et cette tendance se renforce en 2021 avec la volonté d’acheter des produits locaux, fruits de grands savoir-faire, explique Massimiliano Contigiani, directeur commercial CHR & International chez Degrenne. Enfin, le confinement et la pandémie ont renforcé, chez les particuliers, leur envie de renouveler leur décoration, leur intérieur avec de beaux produits de qualité, aux lignes intemporelles. La réouverture des établissements du CHR en France et dans le monde (avec notamment la reprise de projets d’ouverture) a aussi stimulé ces envies de porcelaine. »

1. : Style vintage et note contemporaine pour la collection Maritza chez Bruno Evrard, grâce à l’effet mat de l’émail de l’aile qui contraste avec le brillant central. Prix public à partir de 8,90 €. - 2. : Pour la collection Felicity, la designer Erika Éles-Varga a réalisé la symbiose des emblématiques motifs papillons et résille de la manufacture Herend. - 3. : Fruit de la collaboration avec le designer Orazio Stasi, Arcadia est la nouvelle collection de Ginori 1735. Prix public : à partir de 100 € pièce. - 4.: Nouvelles collections SD One et SD One Or de la manufacture Degrenne, nées du crayon de l’architecte et designer Sylvain Dubuisson. Prix public : à partir de 19 € le bol. - 5. :  Fraîchement lancée, la marque Ogre la Fabrique décline une porcelaine 100 % française écoresponsable. Prix public : à partir de 9 € la petite assiette blanche. - 6. :  J.L Coquet exploite aussi la porcelaine pour ses qualités en matière de diffusion de la lumière, avec le lancement d’une collection de luminaires en collaboration avec Voltra Lightning. Ici, le photophore Hémisphère. Prix public à partir de 217 €.

Place au décor et à la couleur

Côté tendance, si le blanc reste une valeur sûre, l’heure est plutôt aux décors et à la couleur. « Le blanc reste une valeur sûre et représente 20% de nos ventes mais ce qui fait notre force et notoriété c’est la porcelaine décorée (80% des ventes), souligne Antoine de Rémur, directeur général et CEO de Raynaud. La porcelaine est un matériau du passé, du présent et du futur. Si le métier de porcelainier reste le même, l’innovation vient de l’exercice de décoration qui est sans limite et permet de continuer à étonner nos clients. »

« Le naturel et l'authenticité font partie des tendances phares de 2021 tant en termes de design que de couleurs avec des teintes claires comme le beige ou le taupe. Mais, à cela, s'ajoutent d'opulents décors floraux, confie Gabi Schupp, directrice dining & lifestyle chez Villeroy & Boch. Nous sommes convaincus que la porcelaine est un matériau d’avenir car elle est fabriquée à partir de matières premières naturelles. Elle est durable et ne contient aucune substance nocive. Seule la production, qui est très gourmande en énergie, reste un défi. L’enjeu est de réduire la consommation d'énergie et donc les émissions de CO2. Nous travaillons à des solutions prometteuses et envisageons l'avenir avec une attitude positive. »

1. : En porcelaine ivoire ou noire effet fonte, nouvelle collection Adélie, Revol. Prix boutique conseillé à partir de 8,50 euros. - 2. : La collection Italian Renaissance de la maison Raynaud a été imaginée en partenariat avec Lincrusta, marque anglaise spécialiste des revêtements muraux de luxe. Prix public : à partir de 109 € l’assiette plate 16 cm. - 3. : Les tasses en porcelaine Delissea visent à développer les arômes du café grâce à une spirale brevetée qui génère une double turbulence sans altérer la mousse ni le créma. Leur créateur, Arnaud Baratte, envisage aussi cet objet comme un support artistique. L’artiste graffeur Julien Soone y a ainsi déposé ses décors Blue Wave et Geisha.  - 4. : La collection Fidji et ses motifs tropicaux, Vista Alegre. Prix public : 38 € l’assiette ø 33,7 cm. - 5. : La nouvelle collection Avarua de Villeroy & Boch en premium bone porcelain de qualité supérieure propose un décor floral. - 6. :  La collection Teck de Pillivuyt propose un relief original alternant effets mats et brillants. Ici, soucoupe et tasse à thé, prix pulic: 10,50 € et 12,50 € pièce.


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De la nouveauté autour de la porcelaine

Plus ou moins récents, de nouveaux noms offrent un joli renouveau au matériau.

> Ogre la Fabrique : début 2021, Titaïna Bodin a lancé sa marque de vaisselle éco-responsable et abordable avec Doralaine en Haute-Vienne.

> Villermosa : depuis 2019, Clémence Létang permet à de jeunes talents de s’exprimer à travers différentes créations destinées à l’art de la table comme la vaisselle en porcelaine.

> Maison Fragile : lancée en 2017 par Mary Castel, la marque a le souhait de remettre au goût du jour la porcelaine made in France en collaboration avec des artistes, des chefs. Une première boutique vient d’ouvrir à Paris.

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* Source : Francéclat ‐ Eurostat/Insee.

**Source : TDM/Douanes françaises ‐ Francélat.

*** Source : Xerfi‐I+C ‐ Francéclat.

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