Incontournable des cuisines, la cocotte se fait pimpante, s’accessoirise et se montre. Pour susciter l’envie d’achat, il faut savoir la mettre en scène. Explications.
Sur le marché de l’ustensile de cuisson, la cocotte occupe une
place à part. « L’affectif impacte beaucoup les achats, analyse
Grégory Maitre, fondateur de la marque Cookut. Tout est dit
dans le mot “cocotte” : onomatopée, mot d’enfant, mot d’amour… L’objet,
pour la clientèle française, fait référence à l’univers du groupe – il symbolise
la cuisine traditionnelle et familiale –, et à celui du temps – il évoque la
transmission et une cuisson lente ».
A partir de ces images positives, Cookut a souhaité innover
avec un produit en fonte d’aluminium au design
original, et dans la fonctionnalité, avec des accessoires
tels qu’un set pour la cuisson vapeur
ou la friture. « La cocotte représente 10 % de
nos ventes, mais c’est un produit que nous
voulons développer », poursuit Grégory
Maitre. En effet, il fonctionne bien et
a fait connaître la marque.
Haute en couleurs
Sur ce marché, deux noms
sont bien implantés : Le
Creuset, qui s’offre de développer ses propres magasins,
et Staub, dont le
succès est né de la collaboration
entre Francis Staub
et des chefs étoilés pour
proposer un produit répondant
aux attentes spécifiques
des professionnels. « Nous avons
également beaucoup travaillé sur une
palette de couleurs, avec un émaillage majolique,
qui est la signature de Staub, explique Nathalie Chabert, directrice marketing groupe. Aujourd’hui le catalogue
Staub propose 8 coloris, dont 4 majoliques. »
Isabelle Feunteun,
chef de produit Invicta group observe pour sa part que les cocottes
d’autrefois se parent de couleurs tendance et se montrent. Son
groupe travaille sur les marques Invicta, plus implantée en France,
avec un positionnement plus accessible, et Le Chasseur, davantage
présente à l’export, plus chère et prisée des boutiques : « Nous réalisons des argumentaires pour les points de vente, des affichettes pour expliquer qui nous sommes, les propriétés de la fonte, etc. ». Un aspect
didactique important car les tarifs des cocottes en font pratiquement
des objets de luxe.
La légèreté, critère numéro 1
« Automatiquement, une cocotte en fonte coûte plus cher, mais c’est la Rolls
de la cuisson », argumente Alain Esslinger, responsable commercial
Kela France.
Si sa marque mise toujours sur le rouge, elle attaque le
noir et d’autres coloris. Mais le client ne regarde pas que la couleur...
« La première demande du consommateur porte sur un produit en
fonte relativement léger, note Nathalie Chabert (Staub). L’art des
ingénieurs consiste à trouver la bonne combinaison pour réduire le poids
et garder la rétention de chaleur ». Pour pallier le souci du poids, Beka
propose une cocotte en fonte d’aluminium. « C’est une “look like”,
c’est-à-dire qu’elle ressemble à la cocotte traditionnelle, mais se manipule
plus facilement, commente Philippe Gelb, directeur général de Beka.
Une PLV, avec des plumes, montre sa légèreté incroyable ». Le succès en
magasin en dépend : « Avec et sans PLV, ça change tout ! », souligne-t-il.
Chaque fabricant marque sa différence. « En magasin, nous communiquons
sur le choix de la céramique : plus légère que la fonte, qui permet
de mijoter ; et le produit passe au lave-vaisselle, explique ainsi Amélie
Poncet, directrice marketing Emile&Co, qui relève une demande
autour de la cuisson à la terre, notamment avec la tendance à une
cuisson plus saine.
« Les cocottes, je les vends à l’odeur ! »
Nicolas Coville, gérant Le Concombre Rouge
« Les cocottes sont présentes en vitrine et devant la caisse. Ce sont des produits à 200, voire
près de 400 €, c’est un achat famille. La cocotte est un incontournable. Je ne travaille qu’avec
Staub, qui est 100 % made in France. Nombreux sont nos clients qui cuisinent beaucoup. Notre
boutique comprend une cuisine : je cuisine donc un bœuf bourguignon. Le plus intéressant n’est
pas la préparation, mais le mode de cuisson. Je prépare ma viande la veille et, en magasin, je
réduis la sauce et diffuse les arômes. Les cocottes, je les vends à l’odeur ! Je joue beaucoup sur
le marketing olfactif, finalement. Qui n’a pas de souvenir de sa grand-mère préparant un navarin
d’agneau ou un bœuf-carottes ? »
La Roaster joue aussi la légèreté. « C’était un succès en téléachat et par catalogue, mais le produit est tellement connu
que, depuis quelques années, il démarre une seconde vie dans les boutiques
d’art culinaire », indique Benjamin Ghata, gérant de Warmcook, distributeur
de la Roaster en France. Avec la One Pot, Emile Henry
souhaite apporter de la nouveauté. « C’est intéressant de voir qu’il est
possible de redynamiser le marché en proposant de nouvelles fonctions »,
observe Amélie Poncet (Emile & Co).
Staub veut aussi “désaisonnaliser” la cocotte.
C’est un travail pédagogique à réaliser auprès des consommateurs en leur présentant
d’autres utilisations… Cookut, de son côté, réfléchit à l’apprentissage,
car les clients se demandent parfois que préparer dans une
cocotte. « Nous travaillons pour les 12 prochains mois à proposer des
ateliers clé en main », annonce Grégory Maitre, qui confie une autre
piste étudiée, plus originale : « La location en boutique. » Autant dire,
beaucoup d’idées novatrices pour ce produit d’antan…
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