Cette opération marque une nouvelle phase d’expansion pour le fabricant italien qui ajoute la catégo
Dossier
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Ventes additionnelles : Peut-on vendre toujours plus ?
Véritable levier de croissance, la vente additionnelle n’est pas forcément évidente en ces temps économiquement chahutés. En boutique physique ou sur le web, comment augmenter le panier moyen des achats de vos clients et permettre à votre commerce de poursuivre sa croissance ? Voici quelques pistes !
En matière de commerce, il n’y a pas de secret. Pour augmenter
le chiffre d’affaires, il y a deux possibilités : faire venir plus de
consommateurs et augmenter le panier moyen de leurs achats.
Une règle valable pour les franchisés et les indépendants, que la boutique soit physique ou sur internet. Mais en 2024, l’actualité économique
complique les règles du commerce. Alors que les dépenses contraintes,
telles que l’énergie et l’alimentation, ont vu leurs tarifs s’envoler au cours
des derniers mois, les consommateurs lèvent le pied sur les achats plaisir. Désormais l’arbitrage budgétaire s’impose pour nombre de Français
au détriment des loisirs, des achats coup de cœur et de la mode.
En 2024, l’inflation devrait pousser 32 % des Français à réduire leur
consommation alimentaire, révèle le baromètre Wavestone le 15 janvier
2024. Une vague d’austérité qui ne devrait pas se limiter à l’alimentaire.
PENSER DIFFÉREMMENT
« Le terme “vente additionnelle” est un mot fourre-tout qui comprend de nombreuses notions visant à multiplier les achats ou à faire dépenser davantage, et je ne suis pas certain que le contexte actuel incite à cela, explique Steeve Marait, formateur commercial et coach de vente. Nous sommes à un moment où il faut fidéliser la clientèle d’une autre manière. Chacun boutique physique ou e-shop doit essayer de trouver où sont les bons curseurs à pousser pour suivre le mouvement et surtout survivre en ces temps difficiles. » Un sentiment partagé par de nombreuses marques et commerces qui aujourd’hui, bien que pratiquant le cross-selling (par exemple : vente de tasses en plus des assiettes) et l’up-selling (passage de l’achat plusieurs assiettes à un service par exemple), se tournent vers une nouvelle façon de penser. « En cette période complexe, il est plus que jamais crucial de valoriser l’expérience client, confie Amélie Renaux, fondatrice de Céladon.
Pour un commerce physique en art de table, je conseille de
créer des histoires autour des produits. Par exemple, mettre en scène
des tables thématiques, qui racontent une histoire ou évoquent un lieu.
Cela peut inciter à l’achat d’articles complémentaires. Nous mettons
également en avant des photos et nous permettons à nos boutiques
partenaires de créer leur propre service avec une table dédiée mise en
situation. Cela permet aussi à notre équipe de vente de venir proposer des accessoires plus facilement (dessous de verre, bols, tasses,
etc.). Sur le web, les photos lifestyle en plus des packshots sont très
importantes pour transformer la navigation en expérience plus immersive, stimulant les ventes additionnelles en donnant envie au client de
parcourir le site. »
« Si l’on ne parle que produit au client, celui-ci ne prend plus plaisir à
acheter, poursuit en effet Steeve Marait. La boutique et surtout le vendeur doivent apporter une expérience différenciante. »
GUIDER ET INSPIRER
À l’heure où nombre d’enseignes historiques ferment (Zôdio, Habitat) ou se repositionnent, l’heure est plus que jamais à repenser son commerce face à la concurrence et à se démarquer. Loin des lieux aseptisés où s’alignent les références, on peut imaginer immerger le client pour lui offrir une expérience à part. « Je pense qu’il est toujours judicieux d’amener le consommateur vers l’univers qui concerne l’objet, plutôt que vers l’objet lui-même, confie Carine Pechavy, CEO & fondatrice de Maison Pechavy. À savoir, créer une ambiance qui regroupe plusieurs produits complémentaires et non des rangées de produits similaires. Nos bougies et nos bougeoirs sont souvent mises en scène sur une table avec une nappe, de petits vases… Ce qui tente le client à reproduire la même ambiance à la maison. Laisser le bougeoir seul sur une étagère laisse peu de chance à la vente. Encore moins additionnelle. De même, nous sommes très actifs sur Instagram et postons régulièrement des photos de décors de tables, de cheminées. Les clientes vont dans les magasins avec les posts et demandent les compositions ! »
Au point de vente donc d’écouter la demande, de guider et d’inspirer pour mieux déclencher l’achat. « Nous sommes en cours de réflexion pour la mise en place d’un chat sur notre site avec IA ou sans IA pour aider les clients à faire leur choix et leur proposer des articles complémentaires par rapport au contenu de leur panier, explique pour sa part Amélie Renaux chez Céladon. Mais l’un de nos outils qui a notamment permis une augmentation de l’indice de vente ainsi que du panier moyen est, dans nos boutiques, une table à disposition des clients pour leur permettre de faire les assemblages de vaisselles. C’est un endroit très important et convivial qui permet également à nos vendeurs de venir facilement apporter des conseils, présenter différents dressages, poser des questions et amener des articles complémentaires. »
ARCHIVES : UN CONCEPT OÙ LE NEUF ACCESSOIRISE L’ANCIEN
Ouvert tout début décembre 2023 à
Reims (Marne) par Fabienne Nominé,
son mari, leur fils et un associé,
ce lieu met en avant des objets
et meubles variés, datant du XVIII,
XIX et XXes siècles (de 20 € à 3 000 €),
dans un lieu avec devanture
à l’ancienne en bois galbé
(ex-herboristerie). Sur 80 m2, aménagés
comme un appartement avec une cour
extérieure qui présente une sélection
outdoor, place, selon les pièces,
à des univers avec de belles mises
en scène. Fort d’un riche parcours
dans l’univers de l’antiquité (stand
aux puces de Saint-Ouen mais aussi
boutique Nomibis au Bon Marché
depuis 5 ans), le couple aime les pièces
qui ont un supplément d’âme.
« Les arts de la table (faïence,
argenterie, couverts, cristallerie, etc.)
sont très plébiscités, souligne Fabienne
Nominé. Nous avons choisi
d’accessoiriser l’ensemble avec de jolies marques telles
que Maison Pechavy et nous allons ajouter prochainement
de la papeterie, des carnets, d’autres bougies.
Ce n’est pas le gros de notre activité mais cela fait partie
de l’ambiance de la boutique. »
PÉNÉTRER DE NOUVEAUX MARCHÉS
Autre possibilité, pourquoi ne pas aller là où l’on ne vous attend pas ? « Je crois qu’aujourd’hui il faut activer toutes les possibilités qui permettent de promouvoir son point de vente ou sa marque, confirme Fabio Rocchigiani, export sales manager de Guzzini dont les produits surfent entre la table, la cuisine et la décoration. Le marché n’a jamais été aussi compliqué, les boutiques ferment plutôt qu’il ne s’en ouvre de nouvelles et ce phénomène touche toute l’Europe. La seule façon d’acquérir de nouveaux points de vente est de conquérir de nouveaux canaux. Mais cela nécessite de nouveaux investissements en termes de produits.
Par exemple, chez Guzzini, cela fait trois ans que nous sommes entrés dans le monde du cadeau d’entreprise grâce notamment au salon Omyague à Paris. Pour ce faire, nous avons développé de nouvelles catégories de produits comme des bouteilles personnalisées par exemple. En résumé, nous suivons deux voies : renforcer notre présence dans les 500 magasins actuels avec une présence de marque plus forte (présentoirs et matériel PLV spécifique) et en même temps aller vers des canaux alternatifs pour augmenter le nombre de points de vente. » Le seconde main fait aussi partie des possibilités. Pourquoi ne pas amener (quand cela correspond au point de vente) une jolie sélection de produits seconde main ou chinée ? Les concept stores et les boutiques les plus pointues surfent sur la tendance.
« Ce n’est pas notre créneau mais c’est aujourd’hui un domaine porteur, estime Amélie Renaux (Céladon). De notre côté nous réalisons 1 à 2 fois par an une opération que l’on appelle “imparfaites” pendant laquelle nous proposons à la vente des pièces avec des défauts apparus pendant la fabrication ou pendant les transports (rayures, réaction de l’émail très différent de l’effet souhaité, bulle, petites ébréchures) avec une réduction de 40 %. Nous proposons cette opération seulement en boutique et on voit immédiatement une augmentation du trafic de la boutique pendant celle-ci. » Quant à Maison Pechavy, la marque a pris le phénomène à l’envers et voit ses produits vendus dans des boutiques de style brocante. « Brocante et neuf, voilà le nouveau créneau !, assure Carine Péchavy. Mais pas n’importe quel neuf, celui qui a du sens. Je pense par exemple à Chez Nous Campagne dans le Perche qui mêle brocante, salon de thé et hébergement de charme ou Archives (voir encadré) à Reims ! »
PAS DE FORMULE UNIQUE CHEZ MIKASA !
« Dans un paysage commercial en constante évolution, il existe une réelle demande pour une variété de gammes, de designs et de niveaux de prix », analyse Claire Budgen, directrice commerciale et marketing chez Lifetime Brands. Selon elle, la clé du succès réside dans le référencement d’une gamme dynamique et polyvalente « couvrant l’inspiration saisonnière, les repas quotidien et l’offre cadeau. » C’est précisément la stratégie de la marque de vaisselle Mikasa dont les gammes et les accessoires peuvent se conjuguer pour proposer une offre complète englobant différents styles tout en permettant une coordination harmonieuse pour un dressage sur-mesure.
« Il n’y a pas de formule unique chez
Mikasa, avec des collections de services et d’art de la
table au design britannique dans des matériaux tels que la
porcelaine, le grès et la porcelaine fine. La coutellerie et la
verrerie, dans un large éventail de formes et de finitions,
ainsi que les textiles, notamment les sets et les chemins de
table, sont coordonnés dans l’ensemble de la gamme pour
un merchandising percutant qui décuple le potentiel de
l’offre donc les ventes du rayon du détaillant. » De plus,
Mikasa joue une carte de taille avec une offre prête au
dropshiping. « Maximiser les ventes signifie aussi proposer
une offre qui fonctionne à la fois en magasin et en ligne,
poursuit Claire Budgen. L’offre complète de vaisselle Mikasa
est optimisée pour l’ensemble des canaux, physiques
et digitaux. Tous les articles sont emballés dans des boîtes
cadeaux durables, recyclables et prêtes à l’emploi. »
L’idée : bousculer les idées reçues sur le commerce et s’ouvrir à de
nouveaux lieux inspirants. « La seconde main attire différents profils
d’acheteurs, analyse Steeve Marait. Argument écologique, écologique
mais aussi pour le style, cette tendance de consommation est une niche
à investir. Je trouve ça bien d’essayer, de tester selon son commerce
et sa zone de nouveaux parcours d’achats. Sortez du produit pur et
apportez une autre dimension ou expérience, rien de tel pour créer la
différence avec ses concurrents. »