L’Institut national de la propriété industrielle (Inpi) a ouvert une enquête publique sur l’indicati
Fondée en 1920, la coutellerie de Viscomtat perpétue depuis 4 générations la tradition coutelière. Les techniques ancestrales y cohabitent avec des process industriels modernes, en vue d’accentuer le caractère écoresponsable de la production
Montage à la main, polissage, affûtage, finitions… Depuis 100 ans, ces gestes se répètent inlassablement dans l’usine Jean Dubost, installée dans le bassin coutelier thiernois (Auvergne).
La volonté d’avant-gardisme de l’entreprise lui permet de traverser les décennies : un design de 1920 repris sur la gamme emblématique de l’entreprise éditée en 2010 ; une présence sur les salons étrangers dès 1960 sous la houlette de Jean Dubost, grandpère d’Alexandre Dubost, l’actuel dirigeant ; lancement dès 1968 du couteau à beurre à l’époque où les réfrigérateurs s’implantent dans les foyers français ; production de manches de couverts en acétate effet corne dans les années 1970 ; lancement de couverts à manches plastiques bi-ton en 1979 grâce à un procédé de double injection plastique ; création du couteau tout inox Uginox monté en 2 coques rivetées qui séduit aussi bien en France qu’aux ÉtatsUnis ; fabrication en 1987 des premiers couverts de table Laguiole 100 % made in France y compris avec des manches ABS au coloris souhaité grâce au savoir-faire en matière d’injection plastique de l’entreprise qui étend son site de production en 1988 avec un bâtiment dédié ; lancement des premiers Laguiole 100 % recyclables en 2008 aux manches en bioplastique végétal ; certification PEFC (Program for the endorsement of forest certification) en 2009…
L’entreprise confirme cette année un virage déjà amorcé il y a plusieurs années en faveur de l’écoresponsabilité. La collection Natura née en 2008, relancée en 2018, et les planches à découper en papier compressé Paper Line en avaient déjà posé les jalons. Jean Dubost est depuis passé à la vitesse supérieure, avec en 2019 la remarquée collection de coutellerie de cuisine et de couverts de table Line. Sa particularité : elle est 100 % recyclable et ses manches en bioplastiques à base d’amidon de maïs sont biodégradables, certifiés OK compost.
Depuis septembre dernier, l’amidon de maïs est d’ailleurs remplacé par une biomatière issue de déchets de canne à sucre. « Depuis les années 2000, nous nous concentrons sur une production responsable et locale et n’avons de cesse d’intensifier cette démarche, indique Alexandre Dubost, CEO de l’entreprise (4e génération). Même si nous ne renonçons pas à l’utilisation de matières vierges, nous intégrons une proportion croissante de matières issues de revalorisation de déchets pour créer et fabriquer nos produits. C’est un axe prioritaire. »
Convertir le déchet en ressource
Pour l’entreprise, il ne s’agit pas seulement d’un choix d’image. Pour la seule année 2019, elle a investi plus de 120 000 € pour produire la gamme Line.
Et pour cause, « celle-ci a nécessité un important travail sur la R&D et le design, le bioplastique étant une matière très sensible difficile à travailler, ainsi que l’achat de moules et de machines. Il ne suffisait pas de proposer un produit éco-conçu. Il fallait aussi fabriquer un article séduisant mais pas de niche : esthétique, ergonomique tout en restant compétitif, avec d’importants volumes », fait valoir Benoit Berot, directeur marketing de Jean Dubost. Un pari qui semble réussi, avec une inclination des enseignes de distribution à s’orienter vers cette démarche éthique. Même impulsion du côté du packaging, déjà initiée précédemment avec le carton recyclé et les encres végétales.
La coutellerie de Viscomtat passe à la vitesse supérieure en remplaçant ses emballages par le carton recyclé dès que c’est réalisable. « Nous contournons l’utilisation du PET dès que nous en avons l’opportunité.Nous travaillons d’ailleurs sur une solution de protection de lame afin d’éviter le recours aux plastiques », annonce Alexandre Dubost. Et de pousser plus loin l’exercice, avec le lancement de la collection Brut, dont le packaging est issu de déchets de bois issus de l’industrie locale (parquets, palettes) et répond aux normes REACH.
L’équipe de Jean Dubost prépare dans un souci d'économie circulaire d’ailleurs un projet d’ampleur de revalorisation des matières plastiques et vise pour 2021 un taux compris entre 50 % et 80 % de PVC recyclé pour ses étuis. L’entreprise s'est par ailleurs adaptée afin de pallier certaines restrictions dues au contexte sanitaire. « Nous avons en effet réaménagé notre showroom de manière à reconstituer notre stand pour les visioconférences », détaille Séverine Dubost, chargée du développement web et digital de l’entreprise. « Nous gardons ainsi le lien avec nos partenaires malgré les restrictions de voyage et sommes ainsi en mesure d’être réactifs », renchérit Laurence Arthaud, responsable export de Jean Dubost. Une démarche capitale pour la marque, présente dans une quarantaine de pays et qui génère 40 % de son chiffre d’affaires à l’export. Parmi les derniers investissements enfin, la coutellerie s’est récemment dotée d’outils de personnalisation laser pour le bois et l’acier pour effectuer cette opération en interne.
Un service déjà disponible
à destination des particuliers sur l’e-store Jean Dubost pour les couteaux pliants, ainsi que pour les clients BtoB jusqu’à 10 000 pièces
par modèle, avec une volonté
de développer le cobranding
ou le contract business auprès
de chaînes spécialisées.