Le fabricant et le chef étoilé ont imaginé un ustensile exclusif en cuivre qui réinterprète les code
Dossier
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Cuisson : Un marché en phase de transition
Parts de marché en hausse pour l’inox, recul des ustensiles revêtus, avènement de la céramique et des substrats en matière recyclée… Le paysage de la catégorie se transforme progressivement. Explications.
Passé l’euphorie des années 2020 et 2021, le marché connait un ralentissement depuis le deuxième semestre 2022. Si les progressions à deux chiffres ne sont plus à l’ordre du jour en raison de la frénésie d’équipement de la période covid-19 et surtout d’un pouvoir d’achat qui ne cesse de s’éroder depuis plus de 18 mois, le marché n’est pas pour autant tombé dans le creux de la vague. « Même si nous notons un léger recul, les ventes restent bonnes, à un niveau supérieur à celui de 2019, témoigne par exemple Nathalie Chabert, directrice marketing et communication de Zwilling Staub France. L’inflation y est pour quelque chose mais notre clientèle, majoritairement composée de CSP+ est moins impactée. »
Autre facteur qui porte la catégorie, de bonnes habitudes qui semblent se pérenniser, poursuit Nathalie Chabert : « Les consommateurs ont gardé le réflexe de cuisiner pour eux, en télétravail mais aussi lorsqu’ils sont au bureau où ils apportent un repas qu’ils ont préparé. Ils font nettement plus attention à ce qu’ils mangent et continuent de cuisiner pour eux. »
Une
enquête publiée en novembre 2023, menée par Toluna, Harris Interactive
et l’Observatoire Cetelem*, révèle justement que dans le cadre du
déjeuner au travail, 45 % des actifs apportent un repas fait maison : « Même lorsqu’ils déjeunent
sur leur lieu de travail, plus de 4 actifs sur
10 (45 %) apportent leur repas sur
place, ce qui en fait la solution la plus
fréquente, tandis qu’ils sont un
quart (25 %) à aller à la cantine et à peine 12 % à acheter à l’extérieur. Des chiffres
qui peuvent s’expliquer par
le contexte d’inflation alimentaire qui pèse sur le budget des
Français », détaille l’étude.
L’INOX GAGNE DU TERRAIN
Et si la mode était à une cuisine plutôt diététique ces dernières années, avec peu voire sans matière grasse, la tendance est désormais à une cuisson saine, comprendre par là sans produit chimique. Le fabricant français Cristel promeut d’ailleurs la simplicité de cuisiner dans l’inox sans matière grasse depuis de nombreuses années**. « Les ventes d’ustensiles revêtus sont en recul, renchérit Sébastien Zimmermann, directeur commercial chez Kela. Notre gamme tout inox Flavoria continue sa percée et les ventes se développent. »
Moins onéreux et moins lourd que la fonte, avec des propriétés thermiques intermédiaires entre celle-ci et l’aluminium, l’inox représente pour l’heure la solution alternative idéale pour concilier innocuité du matériau, cuisine pauvre en matière grasse, légèreté de l’ustensile et rapport qualité prix.
Et tandis que les poêles revêtus faisaient figure de consommables renouvelés tous les 2 à 3 ans en général, les batteries en inox sont un produit dont la perception de valeur s’accroît, le consommateur étant plus à même d’investir dans un produit qu’il gardera durant des décennies.
« L’acier inoxydable est réputé pour être très résistant à une utilisation intensive, au nettoyage et à la chaleur élevée », fait de plus valoir Philippe Gelb, directeur général de Beka France, qui ne cache pas que ce taux de renouvellement faible se révélera sans doute challengeant pour la filière. Par ailleurs, les revêtements sol-gel (à base de verre et de silice) dits céramiques connaissent un essor du côté de l’offre. S’ils ne sont pas à proprement parler nouveaux, principalement représentés par The Cookware Company, c’est leur arrivée massive et quasi simultanée qui mérite d’être soulignée : toutes les marques ou presque (Berghoff, Beka, Lacor, Ballarini, Cuivres de France, Tefal, etc.), proposent depuis l’an dernier une, voire deux ou trois collections d’ustensiles dotés d’un tel revêtement, et celles qui ne le font pas encore telles que Kela, y travaillent pour formuler une proposition en ce sens en 2024.
La céramique est l’autre gagnant, avec l’inox, des soupçons qui pèsent sur les PFAS même si à date, l’innocuité du PTFE fait consensus. Le marché prend ainsi les devants par rapport à une potentielle interdiction du polytétrafluoroéthylène (PTFE) dans le cadre du pacte vert pour l’Europe. « L’offre en poêles revêtues céramique reste assez marginale et ne se traduit pas encore significativement dans nos ventes mais c’est une vraie proposition de marché actuellement car tout le monde s’y positionne », résume Pierre-Yves Magnan.
DU CUIVRE CHEZ MALI’S
Le distributeur Mali’s enrichit son catalogue produits avec une offre premium d’ustensiles de cuisson en cuivre fabriquée au Portugal. Apprécié par les chefs, le cuivre l’est également chez les consommateurs pour ses vertus en matière de conduction de chaleur et sa teinte chaude et brillante. Mali’s propose désormais une collection de sept produits comportant quatre diamètres de cataplana, une bassine à confiture et deux culs de poule qui s’ajoutent aux références de moules à canelés en cuivre déjà présentes dans son offre. Prix public : à partir de 129 € la cataplana en cuivre ø 24 cm.
LE RECYCLÉ, VALEUR AJOUTÉE ?
« Les ustensiles multifonctionnels ont le vent en poupe, relève par ailleurs Sébastien Zimmermann, directeur commercial France chez Kela : La praticité reste un critère essentiel dans la préparation culinaire. » Et même ralenti, le marché continue à manifester de l’appétence pour les nouveautés, en particulier vertueuses. « Les quatre gammes que nous avons lancées à Maison&Objet en septembre Cicla en inox recyclé, Mobi en aluminium recyclé, Stark en fonte de fer non-émaillée, et R’Evolution à poignées amovibles nous portent énormément, souligne par exemple Philippe Gelb (Beka France). En particulier grâce à leurs spécificités qui répondent aux attentes consommateurs. »
CRISTEL REVISITE SES ORIGINES
Philippe Gelb souligne en outre l’importance qu’accordent désormais les détaillants au référencement d’ustensiles en matériaux recyclés : « C’est un plébiscite total, avec une réelle attente sur l’aspect RSE du produit. » Dans cette ère où l’environnement est au cœur des préoccupations, la cuisine ne déroge effectivement pas à la règle. « Les nouveautés qui nous tirent vers le haut sont notamment celles à vocation écologique et durable, telles que Vitana en aluminium recyclé qui a connu le succès au niveau du sell in dès son lancement, renchérit Sébastien Zimmermann.
Plus qu’une tendance, c’est un geste citoyen que tout
le monde tente de faire pour tenter de réduire son empreinte carbone.
C’est un argument de vente et une éthique propre à l’entreprise pour
faire bénéficier au consommateur d’un produit plus neutre pour l’environnement. » Pour mettre cette démarche en avant, Kela a notamment
construit une campagne 360° autour de sa gamme Vitana pour en
expliquer les spécificités, y compris la norme Maximizing Green de son revêtement Ilag, avec une page dédiée au développement durable sur
son site***. Les prochains mois seront révélateurs de l’appétence des
consommateurs pour ces produits issus du recyclage.
LA COCOTTE EN FONTE, INALTÉRABLE
Le temps et les variations du marché semblent ne pas avoir de prise sur elles : les cocottes en fonte affichent toujours un moral au beau fixe et des ventes stables, y compris durant le temps fort de fin d’année. Surfant sur la tendance du fait-maison pour laquelle les consommateurs ont besoin des bons outils pour cuisiner, elles restent la valeur sûre de la catégorie, d’autant que la fonte est, avec l’inox, un des matériaux les plus sains, polyvalents et durables.
Les marques reines enregistrent de bons résultats mais les marques plus accessibles performent également avec ce produit. C’est par exemple le cas de Kela, grâce à un rapport qualité prix étudié, qui propose une solution accessible sans pour autant vendre en grande distribution. La marque française Staub a pour sa part lancé cette année Gohan, une cocotte au design arrondi et rassurant, inspiré de la marmite japonaise hagama. Conçue pour la cuisson du riz, des céréales, des flocons d’avoine et des pains, elle permet aussi de réaliser des plats en cocotte traditionnels. Son diamètre moins important la positionne 10 à 15 % moins cher que la cocotte traditionnelle. « Les mises en démonstration révèlent que les clients sont intéressés, se réjouit Nathalie Chabert. Nous les vendons bien dans nos boutiques, le consommateur se laisse donc séduire par cette nouveauté. » Prix public : 189 € la cocotte Gohan ø 16 cm.
* Enquête réalisée en ligne du 2 au 6 novembre 2023 auprès d’un échantillon de 1 165 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
** www.cristel.com, rubrique “recettes et conseils”.
***Le développement durable chez Kela (https://b2b.kela.de/fr/le-d-veloppement-durable/le-d-veloppement-durable-chez-kela).