Sur un marché mondial en évolution qui offre de belles opportunités de développement, la coutellerie
Cuisiner sain, s’équiper durablement, monter en compétences culinaires… Ces attentes se renforcent, bénéficiant à la catégorie, et le phénomène ne semble pas près de s’essouffler.
Le marché de l’équipement culinaire s’est révélé particulièrement dynamique en 2020 et la catégorie des ustensiles de cuisson n’a pas été en reste, et affiche un démarrage 2021 prometteur.
Les raisons sont de plusieurs natures.
La première d’entre elles résulte (voir encadré) des confinements et de la crise covid-19, la plupart des consommateurs ayant bien évidemment été amenés à cuisiner davantage.
Mais cela n’est pas la seule explication à la vitalité de la catégorie, et c’est une bonne nouvelle.
En effet, les Français ont manifesté une volonté de s’équiper, ou de se rééquiper avec souvent une conversion à l’induction, une tendance croissante.
Les Français cuisinent
Selon un sondage Ifop d’octobre 2020*, 67 % des Français déclarent cuisiner quotidiennement, 15 % disent le faire 1 jour sur 2 au minimum et 10 % environ une fois par semaine. Ces résultats ne sont pas homogènes dans la population : les femmes (76 %), les personnes vivant en couple (70 %) et les parents d’enfants de moins de 6 ans cuisinent le plus. Ceux qui cuisinent le moins sont majoritairement les habitants de la région parisienne (61 %). L’étude souligne que le facteur déterminant de la pratique de la cuisine n’est pas le fait d’être davantage présent à la maison en raison de son activité professionnelle (télétravail ou chômage) mais la transmission par les aïeux : plus on a cuisiné avec ses propres parents, plus on cuisine aujourd’hui : 83 % de ceux qui cuisinaient au moins une fois par semaine avec leurs parents déclarent eux-mêmes cuisiner quotidiennement.
Quant à l’impact de la crise covid-19 sur la pratique de la cuisine par les Français, l’étude révèle que le confinement n’a pas modifié la fréquence de la préparation des repas chez la majorité des sondés. 14 % des Français déclarent toutefois cuisiner davantage qu’avant le confinement : ce dernier a favorisé la pratique de la cuisine chez les plus jeunes (26 % des moins de 35 ans), les plus modestes (20 %) et les parents d’enfants de moins de 15 ans (15 % environ).
« Poêles, casseroles, faitout : les basiques ont vraiment bien fonctionné », observe Philippe Gelb, responsable de Beka France. Si la majorité des achats d’ustensiles de cuisson restent effectués en grande surface et si Tefal reste le leader incontesté en France avec ses ustensiles revêtus, la distribution spécialisée et les marques premium ont bénéficié de tendances antérieures à 2020 et qui se sont significativement accentuées.
Parmi les plus notables, le fait de consommer durable et sain pour la santé. « Deux tendances ont émergé : cuisiner soi-même parce que cela coûte moins cher et que cela permet de consommer sain et durable, note Séverine Mercier, responsable marketing WMF, Lagostina, Emsa, Kaiser (groupe Seb). La volonté de cuisiner s’ancre dans les habitudes, avec pour corollaire l’achat de denrées locales, de saison. »
Montée en puissance de l'Inox
« Le consommateur est de plus en plus conscient des enjeux relatifs au “bien s’alimenter”, y compris dans le choix des ustensiles, renchérit Nathalie Chabert, responsable marketing Zwilling France. En la matière, la fonte et l’inox sont des matériaux purs auxquels les consommateurs se convertissent progressivement. »
Maho Nabé, alliage de technologie et de tradition
Développé par le fleuron industriel japonais Tiger corporation
qui détient un savoir-faire
centenaire dans le domaine
de l’isothermie, le Maho
Nabé est, avec son corps en
acier inoxydable, une réinterprétation du nabé (« pot »),
traditionnellement en terre ou
en fonte. Cet ustensile permet
de faire mijoter sans bouillir,
selon la technique de cuisson
japonaise ancestrale niebana
qui maintient une température
inférieure à 100°C. Couplée à une semelle triple épaisseur
qui accumule et répartit uniformément la chaleur, la technologie de la double paroi sous vide crée une isolation
thermique permettant de poursuivre la cuisson hors du feu
grâce à la chaleur résiduelle ainsi induite. Le socle en bois
concave empêche également la chaleur de s’échapper par
le bas (20 minutes après l’extinction du feu, la température à
l’intérieur de la cuve est encore à 95°C). Outre ses vertus en
matière de cuisine saine et d’économie d’énergie, le design
du Maho Nabé a été récompensé par le Reddot award et
l’iF design award en 2019. Prix public : 395 €
« Pour les poêles, l’inox s’est démarqué, confirme Philippe Gelb, et l’acier émaillé, la fonte et la tôle font leur retour chez les consommateurs qui essaient d’apprendre à cuisiner dans ces matériaux. La cuisine saine connaît un essor, avec un attrait pour les produits non revêtus. »
Pour répondre à cette attente, Cristel vient notamment de lancer le set Biome qui, en plus de la cuisson traditionnelle (puisqu’un faitout multiply en compose la base), permet 3 types de cuisson : vapeur (moins de 95°C), douce (à l’étouffée, moins de 90°C) et combinée (vapeur + douce).
« Nous souhaitions proposer un concept de cuisson saine qui conserve les nutriments, les vitamines etc., explique Damien Dodane, CEO de Cristel. Cela implique un contrôle précis de la température : nous avons donc doté l’ustensile d’un thermomètre. Ce développement a été réalisé en collaboration avec un nutritionniste car il faut aussi guider le consommateur dans la préparation et la cuisson, notamment en produisant un livre de recettes et un guide d’utilisation. »
L’autocuiseur a pour sa part réalisée une belle percée en 2020, avec
une progression de 16 %. Cuisson sans matière grasse, à la vapeur,
sous pression, plus rapide que dans un faitout en préservant la saveur
et la texture des aliments : les consommateurs en ont (re)découvert les
vertus et la polyvalence, de l’entrée au dessert.
La polyvalence et la praticité sont deux autres tendances qui se démarquent, confirmant la prépondérance de l’amovible et favorisant sa progression. « Les consommateurs apprécient plus que jamais un ustensile compact et facile à ranger qui passe au four, sur le feu, à table », indique Séverine Mercier. « Les produits porteurs de fonctionnalité (témoin de chauffe, thermomètre sur une cocotte, etc.) qui rassurent sont également plébiscités », relève Philippe Gelb.
Probablement sous l’effet de la multiplication des contenus culinaires sur les réseaux sociaux, des tutoriels et de l’engouement pour les émissions culinaires, le consommateur est aussi en recherche de performance, une attente qui rejoint celle de la durabilité, en s’équipant comme les professionnels.
Gastrolux se digitalise
Gastrolux France dont le cœur de métier était la vente directe en salons gastronomiques et dans les foires depuis une vingtaine d’années, a modifié son approche commerciale en raison de la crise covid-19 et de la suspension des salons et des événements. La marque s’est donc dotée d’un e-shop en avril 2020 et développe une stratégie sur les réseaux sociaux, en particulier Instagram. Gastrolux commercialise notamment des ustensiles de cuisson fabriqués au Danemark et dotés d’un revêtement exclusif, le Biotan, à base de biominéraux, de sédiments marins broyés et cuits au four à plus de 500°C. Prix public : à partir de 90 €
Le panier moyen connaît d’ailleurs une tendance
haussière, assortie d’une montée en gamme des achats. « Les ventes
d’ustensiles en inox ont explosé, c’est flagrant chez Lagostina, tous articles confondus. Ce matériau est notamment apprécié pour sa montée
en température rapide et uniforme, sa grande résistance et son côté
neutre », fait valoir Séverine Mercier qui souligne aussi l’appétence pour
les ustensiles esthétiques et design.
La pédagogie, encore et toujours
Autre matériau qui a des atouts à faire valoir, la fonte : « Sa montée en température est lente, mais une fois celle idéale atteinte, la saisie est parfaite. Cela requiert du temps, de la précision, car c’est le matériau qui garde le plus longtemps la chaleur, donc la vigilance sur le temps de cuisson est de mise », ajoute Nathalie Chabert.
Le groupe Zwilling mise
sur la pédagogie pour sensibiliser le consommateur aux différents matériaux (aluminium, inox, fonte) et revêtements pour l’aider à choisir ses
ustensiles de façon éclairée, selon ses besoins et ses attentes. « Tout
dépend du temps qu’il peut/veut y consacrer et du résultat attendu », résume Nathalie Chabert.
Le retour de la Cocotte
La cocotte n’est pas restée sur la touche en 2020, bien au contraire.
Appréciée pour sa polyvalence (pâtisserie, mijotés, saisie des viandes, etc.), elle a aussi surfé sur la vague du pain fait maison.
« Les consommateurs ont
redécouvert ses vertus, souligne Nathalie Chabert (groupe Zwilling). Nous avons enregistré
une progression de 20 % sur les cocottes en fonte en
2020. Le diamètre roi est 28 cm pour la forme ronde,
et les dimensions 29 et 31 cm pour les modèles
ovales. »
Et avec l’apparition d’une nouvelle clientèle, plus jeune et parfois novice en cuisine, la formation se révèle d’autant plus précieuse. « Notre service après-vente reçoit énormément de demande de conseils : comment cuisiner dans des ustensiles non revêtus ou une cocotte en fonte, culotter une poêle en acier, etc., illustre Philippe Gelb. Nous insistons sur la formation notamment celle de nos partenaires détaillants. »
« Nous mettons à disposition des consommateurs des outils pour les aider à choisir, selon leurs besoins et usages, et utiliser leurs ustensiles, notamment ceux en inox (vidéo, livrets, catalogues, etc.). Nous accompagnons aussi nos revendeurs par des formations et de nombreux outils de revente mis à leur disposition », ajoute Séverine Mercier.
Même son de cloche chez Cristel, dont le programme d’animations culinaires sera amplifié avec des animations spécifiques au concept Biome.
Bergner s'implante en France
Le groupe autrichien qui a récemment créé une filiale en Allemagne a désormais pour axe prioritaire l’implantation sur le marché hexagonal où il est peu présent. Celle-ci s’opère sous la houlette de Thierry Asset (country manager France pour Bergner) et une filiale française est en cours de création. L’ouverture d’un showroom en Île-de-France est programmée pour juin prochain. Si Bergner entend s’implanter en grande distribution avec sa marque San Ignacio, c’est via sa marque premium de cuisson, d’ustensiles culinaires et de petit électroménager Masterpro que le groupe s’introduira auprès du réseau de détail spécialisé. « L’objectif n’est pas d’y présenter un produit ou une gamme, mais de proposer un univers complet en shop in shop ou en corner compte tenu de l’étendue de l’offre Masterpro, explique Thierry Asset. Cela sera proposé aussi bien aux chaînes qu’aux commerçants indépendants, tout en tenant compte de l’ultra maturité du marché français en matière de cookware. »
Le groupe qui réalise un chiffre d’affaires de 130 millions d’euros en Europe s’appuiera en outre sur la fondation Cook & Chef institute, composée de Bergner et de personnalités de la gastronomie (chefs, sommeliers, etc.). Des ambassadeurs sont actuellement en cours de recrutement en France.
Bergner s’est en outre également associé avec Benetton pour lancer en 2020 la marque Casa Benetton qui comporte une gamme d’articles textiles, d’arts de la table et d’ustensiles culinaires et de cuisson. L’objectif est une implantation dans les magasins de détail indépendants ainsi qu’en grande distribution spécialisée, avec pour objectif de promouvoir la marque avec d’autres produits que ceux textiles via un concept de corner et de shop in shop, avec du mobilier et un merchandising spécifique.
Du côté du commerce en ligne, un site français sera lancé dans les prochains mois, pas sans vente on line dans un premier temps. A noter que Bergner disposera d’un entrepôt en France. C’est pour l’heure bel et bien sur le réseau de détaillants que le groupe compte pour légitimer ses marques en France