Dossier

PEM : Une filière engagée

23 juillet 2018
Par : Sophie KOMAROFF

Le secteur du petit-électroménager se teint de vert depuis quelques années : réparabilité, consommation d’énergie, appareils qui permettent de consommer mieux et de façon plus raisonnée... Une véritable carte à jouer pour les distributeurs en matière de conseil et de services. A la clé, des réponses à des attentes sociétales de plus en plus palpables.

Si l’aspect environnemental ne lui est pas spécifique, le secteur de l’électroménager s’adresse directement au consommateur depuis plusieurs années de ce thème. C’est même l’un des premiers à l’avoir fait, via l’étiquetage du classement énergétique des appareils : « Un élément tangible et compréhensible pour le consommateur, commente Camille Beurdeley, déléguée générale du Gifam. Ce peut même être un critère de choix pour des produits de prix équivalents, même si cela reste plus difficile à traduire lors d’écart de tarifs. » La consommation vertueuse est dans la ligne de mire de nombreuses marques, même si elles ne communiquent pas systématiquement dessus.

Tendance “fourmi”

 Une tendance de fond est à signaler en préambule : les Millenials européens se révèlent responsables et pragmatiques, selon l’Observa- toire Cetelem 2018 de la consommation : 76 % d’entre eux préfèrent limiter leurs dépenses à l’utile voire l’essentiel (versus 83 % des + de 35 ans), 72 % disent acheter moins mais privilégier des produits de haute qualité (versus 73 % pour les + de 35 ans). Qualité est alors synonyme de durée, avec un achat considéré pratiquement comme un investissement. Millenials qui se révèlent également “fourmis”, puisque 73 % d’entre eux préfèrent épargner pour faire face à l’avenir plutôt que de consommer. Et une tendance générale de 67 % (Mil- lenials et + de 35 ans) qui avouent chercher à consommer moins car ils estiment que la société de consommation n’est pas le bon modèle. Des bases certes générales mais qui suggèrent que le PEM culinaire a de belles cartes à jouer. Car qui dit mettre de l’argent de côté induit par extension de ne pas en gaspiller. Et en la matière, les chiffres sont malheureusement édifiants : selon les estimations de l’Ademe, un tiers des aliments destinés à la consommation humaine est gaspillé, et près de 10 millions de tonnes de nourriture consommable sont jetés chaque année sur le seul territoire français. Des conséquences lourdes, à commencer sur l’environnement avec un gaspillage émet- teur de gaz à effet de serre et générateur d’un gâchis de ressources (eau, etc.).

Conséquences économiques également : « 159 € par personne pour les seuls ménages » par an en France, toujours selon l’Ademe. Le gas- pillage atteint 29 kg par an et par personne. Conséquences éthiques enfin, à l’heure d’une perspective de crise alimentaire mondiale et dans une France où 1 personne sur 10 aurait du mal à se nourrir. A l’échelle du consommateur, l’adoption de nouvelles pratiques de consommation est clairement identifiée comme un axe de réussite de l’objectif 2015 des pouvoirs publics de réduire de 50 % le gaspillage sur l’ensemble de la chaîne alimentaire. Première denrée gâchée au sein des ménages : les légumes (31 %), suivis des liquides (24 %), des fruits (19 %), du riz, des pâtes et des céréales (12 %), de la viande et du poisson (4 %). A ce titre, le PEM culinaire offre clairement d’opportunes perspec- tives. Tout d’abord parce que les motivations du consommateur en- vers le fait-maison sont en train d’évoluer, observe Damien, directeur du département études et statistiques au Gifam : « La notion de goût pour la cuisine et la prépara- tion saine s’oriente désormais vers celle de consommation responsable, renforcée par une considération augmentée vis-à- vis de l’aliment. Faire ses courses en cir- cuit court, préparer soi-même des denrées fraîches pour consommer moins de pro- duits transformés issus des filières indus- trielles, avec une réduction de l’empreinte carbone... Auparavant, cela concernait le consommateur averti. Désormais, ce discours s’élargit pour toucher davantage de personnes. »

« La notion de goût pour la cuisine et la préparation saine s’oriente désormais vers celle de consommation responsable, renforcée par une considération augmentée vis-à-vis de l’aliment » Damien Chicaud (Gifam)

Un choix de consommation facilité avec les appareils de PEM culinaire, à condition de péren- niser leurs usages : car même s’il est convaincu des bénéfices de ces robots, si le consommateur n’est pas inspiré pour cuisiner ou qu’il ne sait pas utiliser convenable- ment l’appareil, la démarche perd en efficacité. A ce titre, le rôle du vendeur peut donc se révéler déterminant, ne serait-ce que par le conseil et l’information, les ateliers culinaires, etc., avec de réels ar- guments commerciaux à faire valoir, sachant que 65 % des Français aimeraient adopter de meilleures pratiques pour éviter le gaspillage alimentaire (sondage OpinionWay pour FoodSaver “les Français et le gaspillage alimentaire”, août 2017).

« Le principe même du fait maison permet d›éviter le gaspillage alimentaire et une production accrue de déchets plastiques, renché- rit-on chez De’Longhi. De nombreuses familles de produits permettent de répondre à la demande des consommateurs de préparer eux-mêmes leurs plats à partir de matières premières, d’aliments bruts et de contrôler leur alimentation : les extracteurs de jus avec la consommation de jus de fruits et de légumes frais ; les robots cuiseurs pour cuisiner à partir d’aliments bruts et maîtriser à la perfection la cuisson ; les robots café qui utilisent la matière première brute ; le grain de café, avec la typicité de son terroir, qui n’a jamais subi de transformation, limite l’utilisation d’emballages et dont le marc se recycle en engrais et en insecticide naturel... »

WISMER CÉLÈBRE SES 100 ANS

WISMER CÉLÈBRE SES 100 ANS

Fondée en 1918 par Henri Wismer, l’entreprise aujourd’hui basée à Thaon-les-Vosges était initialement spécialisée dans la réparation de matériel et l’assemblage de machines à coudre, avant de se spécialiser dans les appareils de préparation culinaire haut de gamme. En 1992, KitchenAid, qui souhaite s’implanter en France, confie le développement de l’Artisan à Jean-Jacques Wismer, qui dirige actuellement l’entreprise familiale. En 1996, c’est au tour du fabricant Italien de machines à emballer Magic Vac de nouer un partenariat avec Wismer pour la distribution de ses produits. En 1999, la société vosgienne commence à distribuer du matériel professionnel pour le CHR : les hachoirs Leonardi, les laminoirs PrismaFood, des trancheuses manuelles et électriques, avec le lancement peu après de la trancheuse à volant Wismer, née de la rencontre avec le gérant d’une fonderie italienne. Puis en 2012 et les années suivantes, Wismer devient distributeur de Vitamix (blenders), d’Ankarsrum (robot pâtissier), de Grant (cuiseurs sous vide), Marcato (machine à pâtes), et récemment de Hurom (extracteurs de jus). Des marques qui ont-elles-mêmes des décennies d’existence, souvent familiales. En 2017, Wismer fait fabriquer son premier extracteur de jus à son nom. L’entreprise compte aujourd’hui 18 salariés réunis sur son site à 10 km d’Epinal, qui comporte un showroom de 200 m 2 , un atelier, et un entrepôt, entouré d’un parc arboré et d’un jardin en permaculture.

LK



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