Dossier

Travel bottles : une catégorie loin d’être gourde

18 decembre 2019
Par : Sophie KOMAROFF

Elles existent depuis longtemps, mais connaissent actuellement un essor important : les tasses et les bouteilles de voyage sont portées par la prise de conscience de l’impact environnemental des déchets plastiques. Zoom sur un marché émergent.

Les tasses et les bouteilles de voyage prennent des couleurs ! Ces produits font désormais partie du quotidien de nombreux consommateurs. Et les voyants sont au vert pour envisager que le marché de l’hydratation poursuivra sur cette lancée haussière. Premier facteur à la favoriser : la prise de conscience des consommateurs des conséquences écologiques de la production de matières plastiques et de la pollution ainsi générée. 

A ce titre, les industriels se révèlent actifs à proposer des solutions destinées à une consommation plus vertueuse limitant la production de déchets. « Cette catégorie a un potentiel important : ce marché émergent est appelé à monter en puissance, analyse» Florian Lecourtois, business developer France chez Ideco Paris, distributeur des marques Chilly’s bottles et Kambukka. « La prise de conscience opère également chez les détaillants : même si ces derniers référençaient déjà ces articles depuis un ou deux ans, ils ne les mettaient pas forcément en avant. La place attribuée en magasin est désormais conséquente ». 

Autre atout : le produit est simple à comprendre. Les gourdes isothermes font partie des figures de proue de la tendance à la réduction des déchets. « Le phénomène est évident : les consommateurs ne veulent plus de plastique», renchérit Michel Paulo, cofondateur de la marque française Les Artistes Paris . «Les diverses campagnes en faveur de la consommation de l’eau du robinet vont d’ailleurs dans ce sens. » A titre d’exemple, la marque française Qwetch s’est associée cette année à la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme et 81 % des Français font confiance à l’eau du robinet 67 % des Français consomment de l’eau du robinet tous les jours où presque. 

The Freaks*, un collectif d’artistes et de personnalités engagés pour la planète, impulsé par le groupe d’électro-rock Shaka Ponk. Objectif : faire adopter de nouveaux comportements pour lutter contre la surconsommation, la pollution, le réchauffement climatique et protéger la biodiversité. Qwetch a ainsi créé une travel bottle en édition limitée, Qwetch x The Freaks, pour proposer une alternative à la bouteille plastique. « 10 t de plastique sont produites par seconde dans le monde. En France chaque jour, 25 millions de bouteilles en plastique sont utilisées... Seule une moitié est réellement recyclée », souligne-t-on chez Qwetch.

Pratique, mais aussi désirable

Le marché de l’hydratation ne vise donc plus seulement les sportifs et les amateurs d’outdoor ou d’activités liées aux bien-être. Le spectre s’est largement ouvert pour les tasses et bouteilles de voyage : dans le cartable des enfants et adolescents à l’école, sur le chemin du travail et/ou sur le bureau pour les adultes, lors de la pause déjeuner, en voyage, etc. 

D’autant que la plupart des travel mugs sont de taille compatible avec les machines à café, évitant ainsi l’usage de gobelets en plastique. Pour toutes ces raisons, les industriels ont fait de cet accessoire un concentré de technologie en matière thermique et d’étanchéité. Soient des critères de choix pour les consommateurs s’agissant des contenants nomades, a fortiori lorsque ceux-ci sont glissés dans un sac pour transporter des liquides. « Il existe des centaines de modèles sur le marché à des prix compris entre 1 € et 50 € : la différenciation intervient sur le caractère hermétique et isotherme », insiste Florian Lecourtois. 

La résistance aux chocs et aux chutes, ainsi que la facilité de la manipulation ouverture/fermeture (des dispositifs permettent de faire cette manipulation à une main) sont également pris en compte. 

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LES ARTISTES PARIS : L’HYDRATATION RESPONSABLE COMME AXE PRINCIPAL

« Reuse to reduce » : tel est désormais le slogan de la marque Les Artistes Paris, qui met cette année en place plusieurs actions en ce sens. A commencer par l’élimination au maximum du plastique dans son offre et un recentrement sur les collections métalliques, dont les deux modèles phares sont la Bottle’Up et la Pull Can’it. Depuis l’été dernier, la Bottle’Up est dotée d’un nouveau bouchon 100 % inox. « Celui-ci permet une isolation optimale, indique Michel Paulo, codirigeant de Les Artistes Paris. Il est exempt de substances nocives et de plastifiants tels que le BPA, le BPS, les phtalates, etc., ce qui était primordial pour nous. Autres avantages : la composition 100 % inox ne modifie pas le goût des boissons, confère une résistance accrue aux chocs, à la corrosion et aux hautes températures, et facilite le nettoyage à la main. » L’entreprise procède en effet à un arrêt progressif de toutes ses collections liées au plastique, à l’exception de celles en tritan, un thermoplastique amorphe. Autre action instaurée cette année, de nouveaux emballages biodégradables pour les contenants isothermes Bottle’Up et Can’it depuis septembre 2019, et l’élimination du plastique pour les packagings. Les Artistes Paris a aussi engagé une communication pour ses supports de vente en magasin avec des partenariats d’ONG de protection pour la planète et intervient dans des écoles supérieures dans le cadre de conférences. Les enjeux consistent par exemple à démocratiser l’usage de la gourde et à sensibiliser les étudiants à la masse de déchets générée par l’achat de boissons dans les distributeurs automatiques. « En moyenne un étudiant achète 5 à 8 bouteilles par semaine : remplacer cela par une gourde permet d’amortir l’acquisition de celle-ci en un mois », souligne Michel Paulo.

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Les marques jouent en outre la différence du côté du design, la gourde isotherme devenant un accessoire de mode. La plupart propose une large gamme d’imprimés pour séduire les consommateurs âgés de 15 à 35 ans, tout en développant les gammes unies pouvant correspondre davantage aux cibles plus âgées. « Nous notons une montée en puissance de nos contenants à décor », confirme Michel Paulo. Un atout en magasin dès lors que celui-ci joue la carte de la désirabilité pour que le produit suscite l’envie d’achat. Chilly’s Bottles a pour sa part lancé une collection en collaboration avec Emma Bridgewater, créatrice de vaisselle qui travaille en autres pour la famille royale britannique. En outre, les possibilités de personnalisation (stickers, gravure, etc.) se développent. « 70 % des ventes chez Chilly’s bottles se font sur un coup de coeur en magasin, grâce à la présentation et la communication commerciale », observe Florian Lecourtois. Les conceptstores, les magasins de torréfaction, les boutiques culinaires et d’art de la table et le réseau du bio figurent parmi les principaux réseaux de vente de ces produits. Enfin, les tasses et les bouteilles de voyage permettent également de réaliser des ventes additionnelles via les accessoires dédiés : mousquetons, bacs à glaçons en forme de tiges, stickers pour personnaliser sa bouteille, bouchons de différentes couleurs pour assortir l’objet à sa tenue, filtres à thé de voyage, etc. 



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