Dossier

Marketing et RSE, l'alliance indispensable

26 juin 2024

En s’engageant avec sincérité en faveur du développement durable et en communiquant de manière transparente sur leurs actions, les entreprises peuvent non seulement contribuer à un monde plus durable, mais aussi améliorer leur image, leur réputation et leur rentabilité.

Avec France, sa nouvelle collection d’étuis pour N°08 et Effilé 10, Opinel fait d’une pierre deux coups, avec une réduction de la pollution due au transport et la valorisation d’un savoir-faire local. Ceux-ci sont fabriqués dans un atelier savoyard, repris par Maelle et Xavier Legris de Maistre en 2021 avec le vœu de rapatrier la fabrication à l’étranger, avec la création d’emplois en vallée de Maurienne. La collection France comporte 5 références : 2 en cuir régénéré (matière écologique issue du traitement des déchets de fibres de cuir auxquels sont ajoutés des substances d’origine végétale), 2 en cuir régénéré et en feutrine R-PET (fabriquée à partir de bouteilles en plastique broyées), 1 en cuir de bovin haut de gamme (tannerie italienne). Design : Big-Game. Prix publics compris entre 13 € et 39 €.

La nécessité pour les entreprises d’intégrer les enjeux de développement durable et de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) dans leur stratégie globale est désormais établie. Cela importe d’autant plus que la sensibilité des consommateurs, des investisseurs et des collaborateurs à ces questions va croissant. 

Dans ce cadre, le marketing joue un rôle crucial en permettant aux entreprises de communiquer sur leurs engagements RSE et de valoriser leurs actions en faveur d’un monde plus durable et plus responsable. Et plus elles sont engagées, plus elles sont susceptibles d’être réactives face aux défis à venir. Loin de se résumer à une opération de communication, la RSE s’inscrit dans une démarche sincère et authentique. 

Aux entreprises désormais d’être en mesure de démontrer concrètement leurs engagements et de communiquer de manière transparente sur leurs réalisations, mais aussi sur leurs défis et leurs progrès, avec à la clé une identité de marque enrichie. Peindre tout en vert et communiquer sur des actions RSE superficielles ou trompeuses est définitivement hors-jeu. Pire : une communication RSE mal maîtrisée est susceptible de nuire à l’image et à la réputation d’une marque.

VOULOIR UN MONDE MEILLEUR NE SUFFIT PAS

Après les balances sans pile rechargeables manuellement, puis celles rechargeable via USB, Little balance a lancé en 2022 les gammes USB-réparables permettant à l’utilisateur de remplacer l’accu si celui-ci perd de sa capacité de charge après plusieurs années. Les nouveaux modèles Happy Genius bénéficient de la totalité de ces innovations tout en concentrant des fonctionnalités avancées telles que l’affichage rétroéclairé, une capacité de pesage jusqu’à 10 kg et des facilités d’utilisation telles que l’empreinte destinée à ranger le câble de recharge sous l’appareil. Prix public : à partir de 27 € la balance de cuisine Happy Genius USB-R.

Dans un environnement où les entreprises offrent progressivement des niveaux de service similaires, la question se pose : comment susciter la fidélité des clients à l’avenir ? « Une grande partie de la réponse se trouvera dans la durabilité, l’éthique et la raison d’être des marques, estime l’étude Tomorrow’s commerce 2024, publiée en avril dernier par VML. Les données que nous récoltons indiquent que les consommateurs sont de plus en plus concernés par les sujets d’impact sur notre planète. » 

Selon VML, 52 % des consommateurs mondiaux se révèlent de plus en plus soucieux de l’impact environnemental et modifient leurs habitudes d’achat en conséquence, prêts à privilégier des options plus durables (la livraison groupée par exemple) dès lors que celles-ci sont à leur disposition. 

« Mais attention, souligne aussi VML, bien que la durabilité, l’éthique et la mission puissent influencer l’achat, le pilier fondamental demeure le bon produit au bon prix, soutenu par le bon service. Il s’agit d’un constat identifié dans notre baromètre “Future Shopper” ainsi que par “The Gen Z Paradox – Conscience vs Commerce”, et qui aide à expliquer les déconnexions apparentes entre l’intention et l’action des consommateurs. »

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REPÈRES

La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est une approche globale de la gestion d’une entreprise qui intègre les impacts environnementaux, sociaux et économique des activités de celle-ci. Pour cela, plusieurs pratiques sont mises en œuvre : gestion de l’environnement (utilisation de ressources durables, réduction des gaz à effet de serre, par exemple) ; gestion sociale (respect des droits des travailleurs, engagement dans des actions sociales, promotion de l’inclusion et de la diversité) ; gouvernance d’entreprise.Le marketing responsable a pour objectif de concilier les objectifs commerciaux de l’entreprise avec les principes RSE. Il est donc un outil au service du développement durable et de la responsabilité sociale.

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FAIRE, PUIS FAIRE SAVOIR

A l’occasion de la journée de la Terre le 22 avril dernier, Maisons du monde a mis en avant sa démarche visant à limiter l’impact de ses produits sur l’environnement. L’enseigne a ainsi mis en avant que plus de 35 % de ceux-ci intègrent la sélection Good is beautiful grâce au choix des matières ou la fabrication européenne. Concernant le textile, plus de 35 % des références printemps été 2024 rejoignent cette sélection responsable. 

Que la démarche RSE au sein de l’entreprise ait été engagée depuis longtemps ou plus récemment, l’exercice de la communication ne va pas de soi. Et pour cause, la RSE est un processus progressif sans cesse en évolution. « Le piège est de se dire “nous avons toujours mené des actions en faveur de l’environnement, donc nous faisons tout bien” sans se remettre en question, avertit Françoise Detroyat, directrice marketing et communication d’Opinel. D’où l’importance de formaliser sa démarche RSE, avec une feuille de route, des indicateurs, des cibles pour identifier les points d’amélioration. Chez Opinel, un responsable RSE et un groupe de pilotage permettent de poser des exigences accrues sur le sujet. » 

Françoise Detroyat le souligne, à l’instar de tous les interlocuteurs sollicités pour réaliser cet article : en matière de RSE, point de communication sans action préalable : bâtir une offre responsable sert de fondement à la stratégie marketing, car la démarche RSE impacte la plateforme de marque, la raison d’être de l’entreprise, les valeurs d’origine, ou la transmission auprès de ses différents publics. « La formalisation de nos engagements RSE atteste de nos actions auprès de nos partenaires et nous permet de nous améliorer au jour le jour, mais aussi d’être référencés ou mis en avant dans certaines enseignes… C’est certes un investissement en temps mais cela professionnalise et renforce la démarche. » 

La collection 1826, inspirée de la première casserole emboutie dans l’usine française de Fesches-le-Châtel, est l’occasion pour Cristel de communiquer sur son histoire, sa fabrication et l’éventail de ses valeurs fondatrices.

Pour autant Françoise Detroyat reconnaît que le volet marketing et communication n’est pas nécessairement évident à orchestrer : « C’est à la fois simple et complexe, car le sujet est vaste : le discours doit être cohérent, juste mais pas simpliste, ne pas contenir de raccourci au risque de devenir faux… Le grand public a déjà une image positive d’Opinel : à nous de ne pas nous reposer sur nos lauriers même si notre démarche est instaurée de longue date, en sélectionnant le message approprié à chaque point de rencontre. » Ce qui implique aussi de retravailler chaque étape du parcours client. 

Damien Dodane, directeur général délégué de Cristel, entreprise familiale basée dans le Doubs, abonde dans ce sens. « Chez Cristel, la RSE n’est pas du marketing. D’ailleurs, Cristel n’existerait pas s’il n’y avait pas eu un engagement sociétal, social, économique et territorial pour faire survivre cette petite usine. Il existait un enjeu humain dès le début qui a fondé la façon dont l’entreprise s’est développée. Et en 1995, alors qu’il n’était pas encore question de réchauffement climatique, la rénovation du site a été menée au regard d’un impact minimal sur l’environnement. Nous sommes aujourd’hui en plein chantier de construction d’un bâtiment de 2500 m2 pour notre partie logistique qui sera bien entendu doté de panneaux photovoltaïques, mais aujourd’hui cela paraît plus normal qu’en 1995. » 

Dans le cadre de sa démarche RSE, Nogent*** a annoncé l’intégration de manches fabriqués à partir de matières biosourcées issues de la canne à sucre à son emblématique gamme Classic Pro, mettant en avant un processus agricole et industriel durable, les certifications Bon Sucro et ISCC (International Sustainability & Carbon Certification) conformes à la règlementation Reach, ainsi que la fabrication française. Une façon pour le coutelier de prouver qu’il s’assure que ses produits sont respectueux de l’environnement, et sûrs pour ses clients et les communautés qui les entourent.

C’est sous l’impulsion de la troisième génération que Cristel est devenue entreprise à mission, avec pour raison d’être « de créer des produits, des activités, des emplois et des ressources pour des gens heureux dans un monde en harmonie, de pérenniser et développer un savoir-faire et une fabrication locale ». « Tout cela a beau être déconnecté du marketing, cela ne veut pas dire que nous n’en parlons pas, nuance Damien Dodane. Bien au contraire, ce sont des valeurs que nous avons envie de partager. Nous communiquons depuis des années sur la pérennité des ustensiles en inox, utilisables sans matière grasse et sans transfert de molécules… Cela avait un écho auprès de nos partenaires détaillants, mais la situation due au covid-19 a catalysé tout le travail effectué avant 2020, nous connectant enfin avec les consommateurs trentenaires, à la recherche de produits performants et d’une promesse de la marque : made in France, réparable, garantie à vie, avec une attention environnementale et sociale. » 

Si Cristel entend continuer à communiquer sur ses actions et régler plus finement le ciblage de ses actions marketing, priorité est donnée avant tout au fait de faire vivre le mieux possible ses valeurs avant d’en parler. Pour cela, le côté usine ouverte est pour le fabricant le meilleur ambassadeur : « Cela fait partie de la transparence : nous sommes fiers de ce que nous faisons, et nous sommes heureux de le montrer. »

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SELENCY REJOINT LA REBOUCLE

Dans un contexte d’inflation, La Redoute avait, fin 2023, fait évoluer sa marketplace de produits seconde main composée de vendeurs professionnels, La Reboucle, avec un nouveau concept C-to-B-to-C. Objectif : réinventer l’expérience de la seconde main avec une marketplace réservée aux professionnels et une qualité de services correspondant aux standards du e-commerce. La Redoute poursuit le développement de La Reboucle avec l’arrivée en avril dernier de la célèbre brocante en ligne Selency. 

« Avec La Reboucle, nous avons l’ambition de devenir une marketplace de référence sur la seconde main en mode & décoration ; c’est donc naturellement que nous nous sommes rapprochés de Selency, acteur référent en décoration vintage, pour offrir à nos clients une sélection déco dans l’air du temps et responsable », explique Amélie Poisson, directrice générale adjointe de La Redoute. La Reboucle propose ainsi en exclusivité une sélection de pièces chinées par les équipes de Selency : déco vintage mais aussi art de la table en céramique, en barbotine ou des années 1970, actuellement très recherché.

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INVESTIR POUR PRÉPARER DEMAIN

La marque spécialiste du zéro déchet Rezo met en avant un coton bio labellisé GOTS pour ses sacs à vracs fruits ou légumes, ainsi qu’une fabrication en Inde, dans un village à l’écosystème complet : culture de coton biologique, filage, tissage et école pour les enfants. 

Également dans le Doubs, à Quingey, non loin de l’usine Cristel, une autre entreprise affiche son attachement à l’environnement. Peugeot a ainsi annoncé en décembre dernier un investissement de 1,4 million d’euros dans un nouvel atelier de peinture. « Avec cet investissement majeur qui a nécessité un an de travail et de recherche, l’entreprise modernise son installation en s’équipant de technologies de pointe capables d’impacter positivement l’empreinte environnementale », explique-t-on chez Peugeot. 

Un dispositif qui ne se contente pas d’améliorer le confort de travail des collaborateurs et l’impact environnemental des opérations de peinture : « La nouvelle ligne, porteuse d’ambitions fortes pour demain, affecte favorablement la productivité en augmentant de 75 % ses capacités par rapport à l’ancien équipement pour doubler la production d’ici à 2029. » 

A l’occasion du lancement de la sortie de sa collection printempsété 2024, Haomy rappelle son engagement auprès de l’association Toutes à l’école, fondée par la journaliste Tina Kieffer en 2005, et revisite son cabas Lavezzi. L’intégralité des bénéfices de ce cabas en édition limitée est reversée à l’association qui permet à 1 700 fillettes et jeunes filles défavorisées du Cambodge de recevoir une instruction de la maternelle jusqu’à leur premier emploi, au sein du campus Happy Chandara. 

Des résultats positifs tangibles sur la minimisation des impacts et une amélioration de la rentabilité sont en effet des clés de réussite d’une démarche RSE efficace, et Peugeot l’a bien compris en soulignant les gains en qualité et en productivité procuré par ce nouvel outil : 100 % des particules de peintures filtrées, 100 % de retraitement des boues de peinture, 10 % de rebus en moins, plus de 80 % de peinture à l’eau, pour une aventure industrielle responsable qui prépare l’avenir.

Vincent Laudijois, directeur industriel de Peugeot Saveurs, le souligne : « Nous avons fait le choix d’un investissement engagé. Nous n’aurions pas fait les mêmes choix techniques si notre raisonnement s’était contenté de prendre en compte des enjeux de productivité. » Et Peugeot de mettre en évidence que cet investissement s’inscrit sur le long terme, cette ligne de peinture étant composée de modules susceptibles d’évoluer dans le temps et d’intégrer au besoin un système de marquage ou un nouvel environnement de séchage. 

Fidèle à son esprit pionnier, la marque au lion met ainsi en avant qu’elle intègre les enjeux environnementaux et les mutations de la société. Gagner ou entretenir la confiance des consommateurs n’est aujourd’hui plus le seul enjeu. Collaborer avec une entreprise responsable fait désormais partie des attentes de la plupart des actifs. Sans oublier que la RSE est aussi un facteur contribuant à renforcer l’implication des salariés.

UN ATOUT POUR LA MARQUE EMPLOYEUR 

A la manufacture de Gien (Loiret), la fabrication en France remonte à 1821, avec un cycle de production depuis toujours organisé pour générer un minimum de déchets et un faible impact en termes de transport grâce à la proximité de la Loire, donc d’une voie fluviale. « Cette approche avait à l’époque une valeur plus économique qu’écologique, souligne Marc Bureau, directeur général de Gien, mais le résultat était là. » L’entreprise qui vient d’achever son bilan carbone scopes 1, 2 et 3 s’inscrit dans la dynamique nationale visant une neutralité carbone à l’horizon 2030 et conduit un projet en vue d’équiper les toits de l’usine de panneaux photovoltaïques afin de réduire sa consommation de gaz. 

Quant à ses rebus de production, ceux-ci sont réinjectés dans la pâte lorsque c’est possible, et ceux qui ne peuvent être réintégrés en production sont donnés à Colas pour le revêtement de routes. Il y a 4 ans, la marque a lancé le concept Gien vintage qui regroupe une sélection de pièces en biscuit non décorées qui comportent de menus défauts ou dont les formes ne sont plus commercialisées. « Nous avons beau avoir une approche écoresponsable depuis longtemps et être très réactifs sur le sujet, ce n’est pas l’axe principal de notre communication car cela n’est pas une impérieuse nécessité pour une entreprise telle que la nôtre, reconnaît Marc Bureau. 

Nous mettons davantage l’accent sur notre mode de production et nos équipes, avec en parallèle un travail démarré il y a 2 ans sur la raison d’être de l’entreprise qui mettra notamment en avant le sentiment d’appartenance locale et à une maison bicentenaire, ainsi que le soin apporté à la fabrication des produits. Nous sommes en phase de croissance et augmentons cette année de 10 à 15 % nos effectifs. Cela nous challenge énormément sur l’aspect RSE car les candidats y sont sensibles, en particulier les 20-30 ans. La communication en matière de RSE est surtout portée en interne. »

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JUDITH LALOUPO, DIRECTRICE RSE DU GROUPE JJA :
« Communiquer oui, mais avec des preuves ! »

L’industriel de marques JJA (marques Atmosphera, Hespéride, 5five et Secret de Gourmet) s’est engagé en 2020 dans un projet d’entreprise visant l’amélioration continue de sa démarche RSE. Baptisé The Good Living Project et coordonné par Judith Laloupo, directrice RSE, celui-ci repose sur 4 piliers : l’éco-socio-conception, la consommation responsable, la dynamique humaine de la chaîne de valeur, et l’action solidaire (en particulier avec Planète Mer et l’Institut européen de coopération et de développement). 

« Toutes les équipes ont été embarquées dans cette démarche, en orientant tout autour de notre offre, en nous interrogeant sur la nature de nos achats et de nos produits, leur impact RSE, les conditions environnementales et sociales de fabrication, et la manière de communiquer pour que le consommateur ait à terme une information éclairée sur ses achats et les impacts des articles que nous mettons sur le marché », énumère Judith Laloupo. 

Le groupe évalue ainsi l’ensemble de son empreinte carbone : gaz à effet de serre, mais aussi consommation d’eau, pollution de l’air, impact sur la biodiversité, etc. Avec déjà 110 collaborateurs formés à la pensée d’éco-conception et un indicateur de plus de 95 % d’achats socialement responsables (selon le référentiel Business Social Compliance Initiative créé par l’association Amfori dont JJA occupe la vice-présidence du bureau France), le groupe a aussi choisi de faire de la vérification des conditions de travail (13 domaines de performances) l’un des 4 critères de référencement de ses fournisseurs. 

« La communication est en cours de construction et sera déployée ces prochains mois, annonce Judith Laloupo. Nous avons été loin dans l’analyse, ce qui rend l’exercice complexe, d’autant que selon la marque et les produits, les impacts ne sont pas les mêmes. Communiquer oui, mais avec des preuves ! Connaître parfaitement la chaîne de valeur sous l’angle de la RSE évite d’aller dans le sens du greenwashing. »

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LE RÔLE DES LEADERS DU MARCHÉ

Fort de son leadership mondial dans l’univers du café, le groupe De’Longhi soutient depuis plus de 10 ans la filière café via des partenariats avec des acteurs tels que la Specialty Coffee Association, le Paris Café Festival, le Collectif Café ou le Paris Coffee Show, et un message encourageant à acheter du café en grains chez un torréfacteur et réaliser des cafés fraîchement moulus. « Jusqu’alors, nous œuvrions plutôt dans l’ombre, concède Xavier Caro, directeur marketing de la filiale France du groupe. Nous prenons désormais la parole pour mettre en lumière le travail des hommes qui s’emploient à produire un café de qualité, en protégeant les sols et la biodiversité qu’ils défendent. » 

L’emblématique gamme 1920 de Jean Dubost se dote du manche écoconçu Sense black, en déchets plastique collectés et recyclés en France (matériau Le Pavé). Jean Dubost reverse 1% du chiffre d’affaires réalisé avec la gamme Sense à la fondation GoodPlanet, engagée dans la défense de la biodiversité.

De’Longhi s’est en effet associé à Belco et à l’association colombienne Sudus, apportant ainsi son soutien au projet Senderos en faveur de la production d’un café de terroir au village de Genova, dans la région de Quindio en Colombie. Objectif : améliorer les conditions de vie des producteurs de la région via l’instauration de pratiques agricoles durables, notamment la plantation de couloirs de fleurs qui favorisent la biodiversité et le retour des pollinisateurs. De’Longhi place ainsi les producteurs au cœur de sa démarche. « De’Longhi ne commercialise pas de café en France donc l’accompagnement du développement de ce projet se fait de façon relativement saine, explique Xavier Caro. 

Si nous prenons désormais la parole, c’est parce que la marque est en mesure de véhiculer des messages que des acteurs de plus petite envergure ont davantage de difficulté à promouvoir. De’Longhi représente 65 % de parts de marché sur le segment de l’expresso broyeur en France : nous sommes donc crédibles pour participer à la transition de la filière café, mais c’est aussi un devoir. Tout n’est pas que commerce ! Il y aussi une responsabilité de leader de donner une certaine orientation au marché. » 

Approche globale et accompagnement des professionnels du café en faveur d’une production plus vertueuse, mais aussi démarche d’amélioration continue en tant qu’industriel font donc partie de la stratégie de la marque qui a obtenu en 2023 le label Longtime pour ses principales collections d’expresso broyeurs qui vient valider son engagement en faveur de la longévité de ses appareils. Loin d’être une fin en soi, un label représente une exigence et un suivi, voire un critère d’achat pour le consommateur qui s’y intéresse, sans le noyer d’informations.

LA LABELLISATION COMME REPÈRE  

Déjà investie de longue date dans l’écoconception (il y a plus de 15 ans avec les biomatières, certification PEFC en 2009, concept Sense avec Le Pavé, emballage en carton recyclé EcoSecure, entres autres), la coutellerie Jean Dubost s’est elle aussi engagée dans la démarche de la labellisation pour avoir un état des lieux précis. « Nous avions conscience de mettre en place plusieurs initiatives, visibles ou non : un circuit d’eau fermé qui nous a permis de réduire de 83 % notre consommation, le tri des déchets, la réutilisation des rebus de plasturgie…, énumère Séverine Dubost, responsable web et communication digitale chez Jean Dubost. Autant d’actions que nous n’avions ni mesurées ni mises en avant. Il nous semblait donc important de prendre la température au sein de l’entreprise et de légitimer nos pratiques, compte tenu de l’importance croissante du sujet. » 

Jean Dubost a choisi de réaliser ce processus avec l’Afnor qui décerne le label RSE à dimension européenne. « Ce n’est pas du déclaratif, poursuit Séverine Dubost. Un auditeur vient sur place, interroge au sein de l’entreprise mais aussi nos parties prenantes externes. » Pour Jean Dubost qui a obtenu le label Engagé RSE niveau confirmé (adossé à l’ISO 26000) en 2021, cette démarche s’accompagne de plusieurs effets positifs, à commencer par un audit mettant en évidence les points forts et ceux d’amélioration, la RSE étant un processus continu. 

De plus, renchérit Benoit Bérot, directeur commercial et marketing de Jean Dubost, « l’obtention de ce label nous a décomplexé sur notre légitimité à communiquer sur ces sujets. Ce label officiel nous guide et permet au consommateur de faire un choix éclairé, et de savoir que nos initiatives RSE sont véridiques. Cela renforce aussi notre attractivité vis-à-vis des distributeurs car ce sont des sujets stratégiques : cela nous permet de capter de nouveaux marchés ou clients ». Les produits écoconçus de la coutellerie Jean Dubost représentent aujourd’hui 29 % du chiffre d’affaires généré par sa fabrication, et l’objectif est d’atteindre 40 %. 

Mais attention, renchérit Séverine Dubost : « Les clients finaux s’intéressent aussi à nos produits écoconçus car ils sont à des prix accessibles au plus grand nombre : nous nous attachons toujours à être au plus proche d’un prix de marché car c’est dans l’ADN de la marque. Or les matières écoconçues se révèlent toujours plus chères : il est donc primordial de communiquer clairement pour que le consommateur franchisse le petit delta en termes de prix. » Jean Dubost qui dévoilera début 2025 un nouveau projet autour de l’écoconception, mettra en outre l’accent sur l’explication au client final sur la durabilité de ses produits, avec une volonté d’exprimer de façon plus lisible les garanties sur lesquelles la marque s’engage.

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LIFETIME BRANDS X EARTHLY

À l’occasion de la Journée mondiale de la Terre en avril dernier, Lifetime Brands a célébré son partenariat avec Earthly, notamment incarné par 3 projets de lutte contre le changement climatique et de compensation carbone. « Le suivi en ligne de ces projets est accessible via le tableau de bord de notre place de marché (https://teams.earthly. org/profile/Lifetime-Brands). Nos clients peuvent ainsi constater notre contribution à des projets durables d’un simple clic. Jusqu’à présent, nous avons planté ensemble plus de 4 800 arbres et soutenu 5 224 043 m2 d’habitat », explique Claire Budgen, directrice commerciale et marketing de Lifetime Brands.

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PFAS ET MARKETING

Les per- et polyfluoroalkylées (PFAS) ont fait la une de l’actualité en avril. Les députés ont adopté une proposition de loi visant à réduire l’exposition à ces substances chimiques, mais en excluant les ustensiles de cuisine revêtus de PTFE. Pour de nombreuses marques, peu importe que ce dernier reste autorisé pour leurs produits et qu’il soit considéré comme sûr pour la cuisson, non nocif pour la santé quand il est appliqué sur une poêle : son impact sur l’environnement dans l’ensemble de son cycle de vie ne peut être ignoré. Beka a ainsi annoncé en mai sa décision d’éliminer les PFAS de ses ustensiles et s’engage à « avoir toutes [ses] collections libres de PFAS d’ici à la fin de l’année. » 

Même démarche chez Little balance et Louis Tellier avec des ustensiles revêtus sans PFAS en mettant l’accent sur la signalétique pour informer de leur démarche et justifier aussi une éventuelle différence de prix. « La collection d’ustensiles de cuisson MasterClass de Lifetime Brands est pour sa part exempte de PFA. Nous avons investi dans des messages en points de vente pour nous assurer que cette information soit transmise aux consommateurs », explique Claire Budgen, directrice commerciale de Lifetime Brands. 

Chez Cristel, le revêtement céramique est considéré avec prudence et le PTFE reste pour l’heure au catalogue. « La seule alternative que nous conseillons aujourd’hui, c’est d’apprendre à cuisiner dans l’inox, souligne Damien Dodane, DGD de Cristel. Avec des techniques très simples, on peut tout cuisiner sans attacher dans ce matériau. Notre mission aujourd’hui, c’est de continuer à apprendre à utiliser toutes les performances de nos produits inox. » Chez Tefal (Groupe Seb), l’heure est en revanche à une campagne de communication d’ampleur pour défendre son revêtement PTFE, avec depuis avril une rubrique dédiée sur son site internet, et depuis mai un volet grand public. 

« L’objectif est de rassurer mais aussi rappeler que des instances scientifiques telles que l’OMS, l’Autorité européenne de sécurité des aliments et la Food and Drug Administration l’estiment non nocif », fait valoir Alexis De Nazelle, responsable cookware chez Tefal. Un argument qui ne convainc pas du côté des écologistes. Reste à savoir quels seront les effets sur les ventes de la marque. « Fin avril, ajoute Alexis De Nazelle, aucune incidence sur les ventes n’était observée. »

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L’ACCENT SUR LE BÉNÉFICE CONSOMMATEUR

Un prix accessible pour une offre vertueuse, c’est aussi le credo de la marque Little balance qui en 2016 a lancé ses premiers instruments de pesage sans pile, rechargeable d’un tour de poignet, donnant le coup d’envoi de ce segment. Elle a ensuite proposé une autre technologie sans pile par rechargement USB. Deux innovations qui réduisent de 90 % à 100 % les déchets chimiques générés sur la durée de vie de l’appareil. Au total, 60 % de la gamme de pesage proposée par la marque sont aujourd’hui sans pile, une offre que Little balance tient à proposer à un prix comparable aux modèles avec piles. 

Démarche similaire pour ses carafes filtrantes exemptes de dateur électronique doté d’une pile dont la fonction est remplacée par une application pour gérer le remplacement de la cartouche filtrante, qui permet en outre de piloter plusieurs produits (carafe à domicile, gourde au bureau, etc.). Mais c’est surtout sur le confort d’utilisation que Little balance insiste sur ses packagings et son site web : « En principe, le consommateur n’achète pas une de nos balances au hasard, estime George MacGregor, directeur général associé chez Little balance. Il comprend qu’il se simplifiera la vie sans avoir de piles à remplacer, mais aussi qu’il améliorera son empreinte environnementale. La logique de communication passe donc d’abord par le consommateur pour que cela profite ensuite à l’environnement : le bénéfice pour le premier se transpose ainsi sur le second. Cette démarche ne se réduit pas à un avantage concurrentiel, mais de fait, parler uniquement d’environnement est moins efficace. » 

Parallèlement, Little balance a remplacé par du carton et du papier les sacs plastiques et les cales en polystyrène des packagings de ses balances, et a choisi de mettre en évidence cette suppression de trois millions de piles et autant de sachets plastiques en apposant un logo en forme de tortue, un animal qui symbolise depuis quelques années la pollution plastique des océans. « Il s’agit certes d’un élément marketing mais il contribue à une action éducative et une sensibilisation générale (client final, distributeur, export) vis-à-vis du zéro plastique », conclut George MacGregor. En conclusion, la RSE et le marketing constituent deux leviers pour construire une image de marque durable et cohérente : la RSE fournit en effet au marketing un socle solide sur lequel bâtir une communication crédible et responsable tandis qu’une communication efficace permet à la marque de sensibiliser ses parties prenantes à ses actions responsables.

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